Vingt-quatre heures après son interpellation musclée lors de la manifestation interdite en mémoire de son frère Adama, Youssouf Traoré est sorti de l'hôpital dimanche à la mi-journée, ses soutiens maintenant un rassemblement devant un commissariat pour un autre homme interpellé. Youssouf Traoré, 29 ans, apparaît l'œil droit tuméfié et la manche du t-shirt déchirée dans une vidéo publiée en début d'après-midi sur Twitter par le compte "La vérité pour Adama".
Selon ce compte, authentifié par l'AFP, le plaquage ventral qu'il a subi lors de son interpellation lui a occasionné "une fracture du nez, un traumatisme crânien avec contusion oculaire, des contusions thoraciques, abdominales et lombaires révélatrices". Le comité Adama qui gère ce compte affirme qu'il déposera plainte ce dimanche "pour dénoncer ces violences graves".
Accusé d'avoir "porté un coup"
Selon une source proche du dossier, Youssouf Traoré a été accusé d'avoir "porté un coup" à une commissaire de police au début du rassemblement, place de la République. Les images de son interpellation filmée par plusieurs témoins - on le voit résister puis être plaqué et maintenu face au sol par plusieurs policiers - ont provoqué des condamnations de plusieurs élus de gauche sur les réseaux sociaux. Sa garde à vue, pour violences sur personne dépositaire de l'autorité publique et rébellion, a été levée en raison de son hospitalisation, selon le parquet de Paris, qui n'a pas donné d'indications sur son état de santé. A ce stade, la suite de la procédure n'est pas connue.
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Contactée par l'AFP, sa sœur Assa, figure de la lutte contre les violences policières, a dit se rendre avec Youssouf Traoré au commissariat du Ve arrondissement pour récupérer ses affaires. Environ 2.000 personnes se sont rassemblées samedi à Paris malgré l'interdiction de la préfecture de police derrière Assa Traoré en mémoire de son frère Adama, décédé peu après son arrestation par des gendarmes en juillet 2016. Un deuxième homme, identifié comme Samir par les membres du comité Adama, a été arrêté pendant ce rassemblement. Le comité a appelé à se mobiliser "massivement" pour obtenir sa libération dimanche à 14H00 devant le commissariat du Ier arrondissement de Paris. Peu avant 15H00, une cinquantaine de personnes, dont les députés LFI Eric Coquerel, Jérôme Legavre et Thomas Portes, étaient présentes devant le commissariat de police protégé par huit policiers, a constaté l'AFP.
"Provocation"
Plusieurs élus de gauche ayant participé samedi à la marche place de la République malgré l'interdiction ont dénoncé l'interpellation de Youssouf Traoré. Leur présence à un rassemblement interdit était une "provocation évidente", a de son côté critiqué dimanche la présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, Aurore Bergé, sur CNews. Les associations, syndicats et partis politiques classés à gauche (parmi lesquels LFI, EELV, CGT et Solidaires) à l'origine des "marches citoyennes" contre les violences policières organisées la veille en France, ont exigé dimanche la "libération sans condition ni poursuite", de Youssouf Traoré et du deuxième homme, "militant des quartiers populaires de longue date".
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Les organisations réclament aussi l'abandon des poursuites judiciaires annoncées par la Préfecture de police à l'encontre d'Assa Traoré, "organisatrice" du rassemblement parisien interdit selon les autorités. "Cet appel à mobilisation a été porté très largement par les organisations syndicales, associatives et politiques. Dès lors la responsabilité incombe à tous. Nous ne nous laisserons pas faire", est-il aussi écrit dans le communiqué appelant à une nouvelle "mobilisation large" contre les violences policières, samedi prochain à Paris.
Sur les images filmées par des témoins à la fin du rassemblement parisien samedi, qui s'est déroulé dans le calme selon les journalistes de l'AFP, on voit également une femme se faire violemment projeter au sol par un policier et des journalistes violentés par les forces de l'ordre. L'un d'eux a annoncé son intention de saisir l'IGPN, la police des polices, pour porter plainte contre deux policiers de la BRAV-M, la brigade motorisée de répression de l'action violente. Une enquête administrative a été ouverte pour faire la lumière sur ces violences, a annoncé la préfecture de police à l'AFP.