Marie, 30 ans, mère d'un bébé secoué par sa nounou : "Je l'ai confié à un bourreau sans m'en apercevoir"

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Quelques jours après avoir placé son nourrisson chez sa nounou, Marie s'est aperçue qu'il était victime du syndrome du bébé secoué. Sur Europe 1, elle raconte à Olivier Delacroix la culpabilité qu'elle a ressentie, et son angoisse à l'idée de trouver une nouvelle assistante maternelle.
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Marie, 30 ans, est la mère d'un bébé de 21 mois. En septembre 2017, celui-ci en avait 6 quand il a été confié à une assistante maternelle. Une nounou expérimentée que Marie connaissait et qui lui avait été recommandée. À peine dix jours plus tard, un événement grave a pourtant éveillé son attention : son fils avait été violemment secoué. Au micro d'Olivier Delacroix, sur Europe 1, elle revient sur cet épisode encore douloureux, et sur la culpabilité qui l'a longtemps animée.

"On a d'abord pensé que c'était dû à la période d'adaptation, et finalement, on a fini aux urgences… Notre enfant avait des hématomes sous-duraux. On a dû l'opérer pour lui sauver la vie.

Ça a été d'autant plus difficile à accepter que c'était une personne à qui j'avais confié énormément de fois ma joie que ce soit elle qui garde mon bébé. Et cela a été d'autant plus de culpabilité pour moi de me dire que je l'avais confié à un bourreau sans m'en apercevoir. Cette personne, nous la connaissions directement, trop peu a priori… Mais on a beau discuter avec ces assistantes maternelles, on a beau essayer de se faire une impression, notre esprit ne peut pas s'imaginer ce genre de choses.

>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

D'autant que mon mari et moi avons tous les deux vécu une expérience très forte avec nos nounous respectives. Ces gens ont une place à part entière dans notre vie, ce sont comme des membres de la famille, sur lesquels on peut toujours compter même une trentaine d'années après, et c'est ce qu'on recherchait pour notre enfant.

À mon sens, c'est plutôt facile d'avoir un agrément aujourd'hui en France. C'est même bien souvent préconisé à des femmes qui se retrouvent au chômage ou en fin de droits. C'est la raison pour laquelle je fais aujourd'hui partie de l'association Tatiana, avec laquelle nous militons pour que les agréments ne soient pas donnés aussi facilement et qu'il y ait davantage de contrôles surtout. Dans mon cas personnel, cette assistante maternelle avait un agrément depuis vingt ans, gardait des enfants depuis longtemps, mais si ces assistantes maternelles ne sont pas évaluées ou encadrées de temps à autre…. Actuellement, le délai entre deux évaluations est de cinq ans. Il peut se passer énormément de choses en cinq ans.

Aujourd'hui, comparé à d'autres victimes du syndrome du bébé secoué, mon enfant se remet à peu près bien. Déjà, il est vivant, c'est bien l'essentiel pour nous car ce n'est pas la chance de tous les parents. Il sera quand même suivi de très près pour voir quelles sont les séquelles que garde son cerveau.

Là, il a été confié à une crèche, parce qu'il avait aussi besoin d'être stimulé, par rapport à d'éventuels retards. Mais justement, en 2019, il est fortement envisageable que nous n'ayons plus de crèche et que l'on doive à nouveau se tourner vers une assistante maternelle. C'est source de très, très grande angoisse pour nous, on le vit très mal. Mais on n'a pas trop le choix. Il va donc falloir l'envisager : c'est extrêmement difficile pour nous."