"Je demande au tribunal d'empêcher cette escroquerie", a plaidé lundi à Marseille, Ralph Blindauer, l'avocat des salariés de six McDonald's en passe d'être cédés, dénonçant "une fraude qui menace des emplois", après deux mois de lutte sociale et juridique contre ce projet de reprise.
Le juge des référés du tribunal de grande instance (TGI) de Marseille, devant lequel se tenait l'audience, rendra sa décision vendredi, a-t-il annoncé. Il a été saisi par le comité d'entreprise et le CHSCT de plusieurs restaurants de Marseille et de sa région, qui demandent notamment l'interdiction du projet de cession. Plus d'une centaine de personnes, notamment des militants syndicaux, des élus communistes, étaient venus soutenir les salariés de ces six fast-foods, en lutte contre le projet de cession de leur employeur.
Le sort de 77 salariés en suspens. Cinq des restaurants doivent être cédés, selon le projet du franchisé et de McDonald's France, à un autre franchisé McDonald's de Marseille, "connu pour sa brutalité sociale", selon Me Ralph Blindauer, qui n'a pas hésité à dénoncer "les méthodes mafieuses" de ce repreneur. Mais c'est le sort des 77 salariés (à temps partiel pour certains) du McDonald's de Saint-Barthélémy, dans les quartiers Nord, qui inquiète le plus l'avocat: leur restaurant doit être transformé en fast-food asiatique halal. "Les porteurs de projet sont des hommes de paille qui sont là pour couler l'entreprise", a dénoncé l'avocat.
La crainte d'un plan social déguisé. Les salariés redoutent un plan social déguisé, alors que le restaurant représente l'un des derniers poumons économiques de ce quartier déshérité. "Au bout de trois mois, Hali Food se casse la figure, les pouvoirs publics payent les pots cassés et McDo s'en lave les mains", a prédit Me Blindauer. L'avocat de la défense, Me Cyrille Franco, a quant à lui assuré que "la sauvegarde de l'emploi était la priorité des repreneurs" et a qualifié le business-plan d'Hali food de "parfaitement solide". Il a aussi fustigé les "injonctions paradoxales" de la partie adverse: "on ne veut pas d'une sortie de McDo alors qu'on ne cesse de taper sur McDo".
Les élus marseillais ont mis en garde la direction de McDonald's. Les salariés du McDonald's de Saint-Barthélémy affirment que la direction France du groupe veut "couler ce restaurant où il y a des représentants syndicaux, une ambiance familiale et des avantages sociaux comme un 13e mois", affirme Tony Rodriguez, porte-parole de l'intersyndicale. Vendredi, le maire LR de Marseille, Jean-Claude Gaudin, et la sénatrice PS des Bouches-du-Rhône, Samia Ghali, ont mis en garde la direction de McDonald's sur son projet de cession, après avoir reçu une délégation des salariés du McDonald's de Saint-Barthélemy. Des représentants du personnel doivent être reçus mercredi au ministère de l'Economie à Paris par le délégué interministériel aux restructurations d'entreprises, ont annoncé les syndicats