Les rejets de boues rouges qui ont lieu depuis 50 ans dans les calanques de Marseille pourraient bientôt prendre fin. Avant que les autorités ne prennent leur décision, une enquête publique débute lundi auprès des habitants des 27 communes concernées par la conduite qui rejette les effluents d'une usine aux larges des calanques. Si l'entreprise à l'origine des boues rouges souhaite voir son permis de rejet prolongé, le ministère de l'Écologie, qui a demandé des études complémentaires, ne l'entend pas de cette oreille.
Sur quoi porte l'enquête publique ? Depuis 50 ans, l'usine Alteo, ancien site appartenant à Péchiney racheté par un fond américain en 2012, bénéficie du droit de rejeter ses résidus en plein milieu du Parc national des calanques. Plus précisément, ses boues de couleur rouge sont déversées à 7 kilomètres au large de Cassis, par 320 mètres de fond. Mais le permis octroyé à Alteo expire le 31 décembre 2015. C'est sur la prolongation ou non de ce droit que les habitants vont devoir se prononcer.
Que contiennent ces boues rouges ? L'usine, située à Gardanne à une trentaine de kilomètres de la côte, emploie 700 personnes pour extraire de l'alumine, composant entrant dans la fabrication entre autres des écrans plats. Mais ce procédé produit des déchets qui rentrent dans la composition des boues rouges, soit essentiellement du fer et de la soude.
Ségolène Royal s'en mêle. Aucune enquête publique n'était au départ prévue par les autorités. Et pour cause, en septembre 2014, le conseil d'administration du Parc national des calanques avait décidé de prolonger de 30 ans le permis de rejet de l'usine Alteo. La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal était alors entrée en conflit avec l'entreprise sur la question de la nocivité des boues rouges. La France a, qui plus est, pris des engagements internationaux pour ne plus effectuer de rejets solides dans la Méditerranée. Alteo demande cependant à avoir le droit de poursuivre des rejets liquides dans les calanques.
Comment va se dérouler l'enquête ? Jusqu'au 25 septembre, les habitants pourront consulter la demande d'autorisation d'Alteo ainsi que des synthèses sur les principaux éléments du dossier. Ils auront aussi la possibilité de déposer leurs observations et plusieurs réunions publiques auront lieu.
Après clôture de l'enquête publique et remise du rapport de la commission d'enquête, le dossier sera soumis à l'avis du conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques (CoDERST) ainsi qu'au conseil supérieur de la prévention des risques technologiques (CSPRT). La décision finale appartiendra au préfet des Bouches-du-Rhône.