Les trois premiers mois de grossesse sont une période douloureuse pour un grand nombre de femmes (Illustration). 6:07
  • Copié
Gauthier Delomez
L'Assemblée nationale examine ce jeudi une série de plusieurs mesures destinées à mieux prendre en charge les femmes pendant leurs premiers mois de grossesse. Sur Europe 1, la députée Paula Forteza, à l'origine de ces mesures, explique qu'elle veut faire reconnaître la difficulté de cette période pour les femmes enceintes.
INTERVIEW

Un silence qu'il faut lever. La députée des Français d'Amérique latine et des Caraïbes, Paula Forteza, présente une série de 17 mesures, dont la plupart sont examinées à l'Assemblée nationale jeudi, pour parvenir à une meilleure prise en charge des femmes pendant leurs premiers mois de grossesse. Selon une étude américaine publiée en 2016, 85% des femmes enceintes confient que le premier trimestre de grossesse est "un enfer", tant physique que psychologique. Si le phénomène reste peu connu, la députée estime sur Europe 1 que c'est à cause "d'un poids culturel. C'est un silence qu'on s'impose soi-même, que la société nous impose".

"Aménager le parcours de ces trois premiers mois pour les femmes"

"Cela s'explique par les précautions, l'envie de ne pas vouloir dévoiler sa grossesse avant de savoir si elle va arriver au but. Pendant les trois premiers mois, le risque de fausse couche pèse énormément sur les jeunes mamans. Mais justement, si on vit une fausse couche, il faut pouvoir la vivre accompagnée et non isolée", explique-t-elle. Après avoir recueilli de nombreux témoignages, la députée avance plusieurs mesures qui visent à reconnaître la difficulté pour ces femmes enceintes de vivre cette période.

Pour Paula Forteza, "il faut qu'on puisse prendre en charge par les politiques publiques, le système de santé, le Code du travail, cette période de façon à aménager le parcours de ces trois premiers mois pour les femmes". Concrètement, la députée des Français de l'étranger souhaite que l'Assurance maladie prenne en charge à 100% dès le début de la grossesse, et non trois mois après. Les femmes devraient aussi pouvoir "télétravailler, ou changer de poste si elles sont très longtemps debout ou en contact avec la clientèle".

La mesure phare, "un grand plan de recherche sur la grossesse"

Concernant la menace de fausse couche, l'arrêt maladie n'est pas automatique. "Plus de 40% des femmes qui l'ont demandé ne l'ont pas reçu. Donc, il faut vraiment que ce soit un droit", avance Paula Forteza, qui évoque le droit à un congé de trois jours comme cela existe en Nouvelle-Zélande, "pas seulement pour la femme mais aussi pour le ou la conjointe. Parce que c'est un vrai deuil qu'il faut traverser, et il faut donner du temps pour ça".

La députée des Français de l'étranger veut également "mettre en place un grand plan de recherche sur le corps de la femme, sa condition, sa grossesse", une mesure phare de ses propositions, s'appuyant sur l'expérience de certaines femmes enceintes nauséeuses qui se présentent en pharmacie. "On prescrit des remèdes ou des médicaments naturels qui sont plus ou moins efficaces selon les personnes. Simplement, l'industrie pharmaceutique ne les teste pas sur des femmes, ou des animaux femelles. On arrive à créer des vaccins contre le Covid en quelques mois, et on n'arrive pas à mettre en place un médicament efficace contre les nausées pendant la grossesse", assène la députée Paule Forteza.