Dernières heures avant le début de l’opération Wuambushu à Mayotte, une vaste manœuvre de lutte contre l’immigration clandestine et la délinquance dans le 101e département français, en proie à la pauvreté et à l’insécurité. Chaque jour, environ 80 migrants accostent clandestinement sur l’île à bord de petites embarcations motorisées en provenance des Comores, à seulement 70km de Mayotte. L’Etat a positionné des radars de détection mais les patrouilles nautiques et la surveillance aérienne n’y font rien. Dans le nord de l’île, où Europe 1 s’est rendue, les migrants continuent d’affluer.
260 kwassas détectés au premier trimestre
"Vous voyez en haut, il y a un radar qui est installé. Mais d'après-moi, c'est juste une décoration", déplore Issoufi, un habitant de l'île. Son poste d’observation à lui, c’est un banc public, sur la plage. Les "Kwassa", des petits bateaux de pêche venus depuis l’île comorienne d’Anjouan avec à bord des clandestins, Issoufi les voit à l’œil nu. "C'est ici qu'ils débarquent tous les jours. C'est comme un port pour eux. Les gens arrivent partout de l'océan Indien", constate-t-il au micro d'Europe 1.
Crédit photo : William Molinié / Europe 1 / Cette plage, située à Acoua dans le Nord de Mayotte, est surnommée le “port des Kwassas”, du nom des embarcations légères dans lesquelles les candidats à l’immigration traversent les 70km qui séparent l’île comorienne d’Anjouan du 101e département français.
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Une fois la barrière de corail passé, à marée basse, les bateaux des policiers ne peuvent plus les suivre, les migrants sont débarqués sur la plage. Un trafic très bien organisé. "Il y a des guetteurs qui dirigent depuis la terre. Ils disent que ce sont des pêcheurs, mais pour moi, ce sont des passeurs", affirme Issoufi. Une fois à terre, ces irréguliers se dispersent dans la forêt pour éviter les contrôles de police. "Il y a tellement de déchets. C'est pour ça qu'on dit que l'environnement est pourri, parce qu'ils jettent des vêtements et de tout partout. Ils viennent chercher une vie meilleure, seulement Mayotte est saturée de gens maintenant. On ne peut pas", conclut le Mahorais. Au premier trimestre, 260 kwassas ont été détectés mais seuls 67% d’entre eux ont pu être interceptés.