Le jour se lève sur Kawéni, sur les hauteurs de Mamoudzou à Mayotte, peut-être l’un des derniers matins dans cet endroit misérable pour cet immigré comorien interrogé par Europe 1. "Moi, j'ai des papiers, mon bébé aussi", explique-t-il. Pourtant, sa case construite en tôle ondulée a été numérotée. Le signe, selon lui, d'une expulsion prochaine. "C'est difficile ce qui va se passer là parce qu'on n'a pas d'autres endroits où aller, on ne sait pas comment on va faire pour trouver une maison pour nous abriter", souffle ce Comorien.
À Mayotte, 500 policiers et gendarmes sont arrivés en renfort pour mener une opération de lutte contre l’immigration clandestine baptisée Wuambushu. Celle-ci se précise : destruction des logements de fortune, interpellations et expulsions des clandestins...
Les services de l'État saturés sur l'île
Au total, près d'un quart des habitants du 101e département français se trouve en situation irrégulière, et des milliers de sans-papiers vivent sans eau ni électricité dans cet abîme de la clandestinité où Europe 1 s'est rendue. "Imaginez, il y a des femmes qui ont des petits enfants. Dans cette maison-là, il y en a qui sont malades", montre ce réfugié comorien.
Les épidémies progressent sur le terreau de l’insalubrité. Les enfants jouent dans la boue collante avec des bidons d’essence, mais Ben, 36 ans et régularisé depuis peu, veut croire qu’un avenir ici est possible. "Si on les renvoie, leurs fils qui sont à l'école vont passer le bac cette année, et après, ils vont faire quoi sans soutien familial ?", s'interroge-t-il. Il reste qu'aujourd'hui, tous les services de l’État sont saturés. Mayotte n’a pas la capacité d’absorber les 55.000 clandestins, au bas mot, présents sur l’île.