C'est l'une des préoccupations principales du conflit en Ukraine : la question nucléaire. Si en France les habitants se ruent sur les pastilles d'iode, d'autres pays ont fait le choix de s'équiper d'abris antiatomique. C'est le cas de la Suisse qui dispose de 360.000 abris sur tout son territoire. Des abris publics, dans des écoles ou des mairies, mais aussi privés, à l'intérieur d'immeubles ou de maisons individuelles, qui offrent une place protégée à chacun des 8,6 millions d'habitants de la Suisse. La villa de Philippe est un joli pavillon de deux étages, avec son balcon et son jardin fleuri, installé dans le petit village de Penthaz.
Impossible de deviner qu'au sous-sol se trouve un abri antiatomique, en fait une petite pièce de 7m² que Philippe est fier de montrer. "Ce sont des murs en béton armé, avec des grosses portes blindées. La porte d'entrée de l'abri pèse plus d'une tonne. C'est très solide", assure-t-il au micro d'Europe 1. "Une fois qu'on est enfermé là-dedans, c'est complètement blindé !" Beaucoup de maisons individuelles suisses sont ainsi équipées.
Autonomie de 14 jours
Quelques kilomètres plus loin, c'est un autre type d'abri que l'on trouve, plus grand, public, donc ouvert à la population des alentours en cas d'attaque nucléaire, explique Olivier Duvoisin, responsable de la maintenance. "100 personnes peuvent être accueillies dans un abri comme celui-ci", détaille-t-il. "On dispose d'un appareil de ventilation, qui filtre tous les toxiques chimiques de combat. Vous avez aussi des lits à trois étages et des toilettes. On estime qu'une autonomie de 14 jours est possible."
Des abris qui sont une obligation légale en Suisse, explique le commandant Louis-Henri Delarageaz, de la protection civile du canton de Vaud. "C'est un reliquat de la guerre froide. Cette loi existe depuis les années 1960. Elle oblige à construire des places protégées et de garantir une place par habitant", explique-t-il. "On a plus de neuf millions de places, couvrant l'ensemble de la population totale." Des installations dont l'utilité et le coût ont parfois été critiqués ces dernières années. Mais étrangement, ce n'est plus du tout le cas depuis trois semaines.