Les photographies utilisées dans les publicités et retouchées pour modifier la silhouette devront désormais le mentionner et les mannequins devront fournir un certificat médical pour exercer leur activité. Deux textes en ce sens ont été publiés vendredi au Journal officie et sont destinés à "prévenir les troubles du comportement alimentaire", notamment chez les jeunes.
Une mention "photographie retouchée". À partir du 1er octobre, "il sera obligatoire d'accompagner les photographies à usage commercial de la mention 'photographie retouchée' lorsque l'apparence corporelle des mannequins a été modifiée par un logiciel de traitement d'image, pour affiner ou épaissir leur silhouette", indique le ministère de la Santé dans un communiqué. Cette obligation concerne les photographies "insérées dans des messages publicitaires" dans la presse, sur des affiches, sur Internet ou encore dans les catalogues et prospectus, précise le décret publié vendredi.
Un certificat valable deux ans. Concernant le certificat médical, il sera délivré par la médecine du travail, "dans le cadre des visites d'information et de prévention ou des examens médicaux d'aptitude" prévus par le code du travail, détaille un arrêté, également publié vendredi. Valable deux ans maximum, il attestera "que l'état de santé global de la personne (...), évalué notamment au regard de son indice de masse corporelle, lui permet l'exercice de l'activité de mannequin".
Cette seconde mesure entre en vigueur dès samedi et s'applique aussi aux mannequins d'un autre pays de l'Espace économique européen lorsqu'ils exercent en France. "La profession a été associée à la rédaction de ces textes et donc informée en amont", a précisé le ministère.
Prévenir l'anorexie. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne est considérée comme maigre lorsque son indice de masse corporelle (IMC, qui correspond au rapport entre poids et taille) est inférieur à 18,5. Ces deux dispositions "visent à agir sur l'image du corps dans la société pour éviter la promotion d'idéaux de beauté inaccessibles et prévenir l'anorexie chez les jeunes", ainsi qu'à "protéger la santé d'une catégorie de la population particulièrement touchée par ce risque : les mannequins", explique le ministère.
Des lois votées mais jamais appliquées. Elles avaient été votées dans la loi Santé de janvier 2016, mais les textes d'application n'avaient toujours pas été publiés. Initialement le projet de loi prévoyait un IMC minimal pour pouvoir exercer la profession de mannequin, mais il avait ensuite été modifié pour redonner sa place au médecin du travail et élargir l'examen à d'autres paramètres. Les troubles du comportement alimentaires touchent environ 600.000 jeunes en France (dont 40.000 anorexiques) et sont la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans après les accidents de la route.