L'annonce devrait en soulager plus d'un. Le laboratoire Merck va poursuivre la mise à disposition de l'ancienne formule du Levothyrox pour les patients français qui disposent d'une ordonnance "tout au long de l'année 2019", a indiqué Valérie Leto, pharmacienne responsable de Merck France. Moins de 50.000 boîtes seront mises à disposition par mois, un volume qui correspond "aux volumes mis à disposition en 2018" et aux "besoins des patients", selon Mme Leto, qui a insisté sur le caractère "transitoire" de cette période "qui doit permettre aux patients de trouver une solution alternative pérenne".
Tous les patients munis d'une ordonnance pourront se fournir en 2019. Le tribunal de grande instance de Toulouse a limité lundi l'obligation de mise à disposition de l'ancienne formule du Levothyrox (Euthyrox) à une durée de 3 mois à compter du 1er janvier 2019 pour 39 patients, mais le laboratoire a confirmé mardi que tous les patients munis d'une ordonnance pourront se fournir en 2019. "L'ancienne formule sera mise à disposition de tous les patients qui ont une ordonnance et pas seulement les 39 patients concernés par la décision du tribunal de Toulouse", a précisé Mme Leto.
Le laboratoire affirme répondre à une demande de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui a listé fin octobre cinq solutions pérennes pour les patients souffrant de troubles de la thyroïde et affirmé évaluer "d'autres spécialités princeps ou génériques" pour "la diversification de l'offre thérapeutique". "Concernant Euthyrox (médicament équivalent à l'ancienne formule de Levothyrox), l'ANSM a demandé au laboratoire Merck de poursuivre sa mise à disposition en France sur l'année 2019 pour permettre aux patients encore traités par Euthyrox de s'adapter à un nouveau traitement", a précisé l'ANSM dans un communiqué publié le 31 octobre.
L'ancienne formule importée d'Allemagne. L'ANSM a rappelé "qu'Euthyrox est disponible pour une durée et dans des quantités limitées" et que "les médicaments à base de lévothyroxine disponibles de façon régulière et pérenne doivent être privilégiés". L'ancienne formule du Levothyrox est importée d'Allemagne, puisque Merck ne dispose pas d'autorisation de mise sur la marché français pour l'Euthyrox mais seulement d'autorisations d'importations. En Allemagne, la nouvelle formule remplacera l'ancienne au cours du premier semestre 2019 mais Merck s'engage à continuer à fournir l'ancienne formule aux patients français en 2019 "à partir d'importations d'autres pays européens", a précisé Mme Leto.
Une "bouffée d'air" qui "ne résout pas le problème". Cette annonce constitue "une bouffée d'air pour les patients qui ne supportent pas la nouvelle formule mais ne résout pas le problème", a réagi mardi l'association "Vivre sans thyroïde". "Cela reporte le problème. Ce qu'il faudrait, c'est une pérennité des deux formules côte à côte", a indiqué Beate Bartès, présidente de cette association. "Ce qui n'est toujours pas résolu, c'est que personne n'a pour l'instant d'explication des effets indésirables de la nouvelle formule, c'est un peu laissé de côté du côté de Merck, on n'a pas l'impression, à part du côté des associations, qu'on cherche à comprendre", dénonce-t-elle.
L'Agence européenne des médicaments avait rendu en juillet un avis favorable au lancement de la nouvelle formule du Levothyrox dans 21 pays. Le laboratoire affirme n'avoir pas reçu de demandes de mise à disposition de l'ancienne formule dans les pays en transition. Valérie Leto a insisté sur l'existence de "solutions pérennes" alternatives dans les pays concernés comme par exemple la Suisse. De fait, l'ancienne formule finira bel et bien par être retirée.