Un coup de tonnerre s'est abattu vendredi sur les familles qui pratiquent l'instruction scolaire à domicile. Elles ne comprennent pas l'annonce du président de la République Emmanuel Macron de limiter strictement l'école à la maison afin de lutter contre les séparatismes. Et pour cause : sur les 50.000 enfants concernés en France, soit 0,5% des élèves, la moitié y sont contraints pour des raisons médicales. Pour d'autres, c'est un choix familial, comme l'expliquent sur Europe 1 deux familles qui pratiquent l'instruction à domicile depuis des années.
"C'est une aberration"
Gwenaële Spenlé habite dans un petit village des Vosges avec son compagnon et leurs cinq enfants âgés de 13 à 23 ans, qui ont donc toujours fait l'école à la maison. Dans cette ferme, les adultes considèrent que c'est la meilleure façon de respecter le rythme d'apprentissage des enfants. "Apprendre la même chose à tous les enfants sous prétexte qu'ils ont le même âge, c'est une aberration", estime Gwenaële Spenlé, samedi sur Europe 1. "Quand un enfant apprend en fonction de ses centres d'intérêt, il apprend très vite et très facilement. Ce sont l'enthousiasme et la motivation intrinsèque qui sont les meilleurs moteurs d'apprentissage."
"Mettre en corrélation l'instruction en famille et la radicalisation cela nous paraît fou. La plupart des familles font ce choix pour toutes autres raisons que religieuses : pédagogiques, éducatives... Si cette loi passe, c'est une terrible atteinte à ma liberté de maman", estime de son côté Loïsa, mère de famille d’Issy-les-Moulineaux en région parisienne dont les trois enfants, eux non plus, ne vont plus à l'école depuis trois ans.
"On ne reste pas non plus enfermés à la maison"
Pour parler de cette manière d'apprendre bien spécifique Gwenaële Spenlé préfère d'ailleurs la formule "instruction en famille", plutôt que "école à la maison". "Nous, on ne fait vraiment pas l'école et on ne reste pas non plus enfermés à la maison. On sort, on rencontre des gens, on fait des sorties culturelles, ils ont des amis, ils font des activités", justifie-t-elle.
De même, les trois enfants de Loïsa passent environ cinq heures par semaine la tête dans les cahiers, mais l'essentiel de leur temps est consacré aux sorties en forêts, dans les musées, souvent avec d'autres enfants non scolarisés. Une méthode d'apprentissage d'autant plus justifiée que selon elle tout est fait pour éviter les dérives : un contrôle par la mairie et une visite annuelle d'un inspecteur de l'Education nationale.
Même chose chez la famille Spenlé : chaque année, les inspecteurs de l'Education nationale viennent tester le niveau de chacun des cinq enfants. Les plus grands, en formation ou en alternance, ne seront pas concernés pas la mesure qui devrait entrer en vigueur à la rentrée 2021. Ce n'est pas le cas du petit dernier de 13 ans. Sa maman le promet, si l'école devenait obligatoire en classe pour lui, il partira à l'étranger.