Changement climatique, avènement de l'intelligence artificielle...Bon nombre de métiers sont amenés à disparaître dans les générations futures. Mais à contrario, beaucoup de métiers de demain n'existent pas encore. Selon le Forum économique mondial, il en va donc de la fin des carrières linéaires : un enfant en maternelle connaîtra en moyenne neuf métiers différents au cours de sa vie. Pour la présidente de l’Observatoire des métiers du futur, Isabelle Rouhan, invitée de Matthieu Belliard dans Europe Matin, mardi, il faut accepter ces changements et les accompagner.
"La moitié des heures travaillées en France potentiellement automatisables d'ici 2022"
Parmi les secteurs particulièrement menacés, celui de la fonderie. Un constat inquiétant pour Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, qui a justement déclaré lundi sur Europe 1 travailler à une solution pour accompagner les ouvriers et leur permettre de se requalifier. Pour Isabelle Rouhan, ces entreprises en pleine transition doivent en effet être aidées, mais pas seulement. "Il faut aussi arrêter de nier l'évidence. Les hôtes et les hôtesses de caisse, c'est un métier qui est voué à disparaître. La filière automobile aussi a perdu 120.000 emplois en quinze ans, la banque 50.000 traders...Ça touche toutes les catégories de population", a-t-elle expliqué.
Pour l'auteure du livre Les métiers du futur aux éditions Firts, peu importe en effet le niveau de qualification. Ce qui change un poste, c'est avant tout s'il peut faire l'objet d'une automatisation ou non. "Une étude de McKinsey montre que la moitié des heures travaillées en France sont potentiellement automatisables d'ici 2022", rappelle-t-elle.
80.000 postes non pourvus chaque année dans le numérique
Mais cette disparition de certains corps de métier va s'accompagner de l'arrivée de nouveaux. "On manque par exemple de gens dans le secteur du soin, pour s'occuper de nos aînés, de nos enfants...Il y a aussi énormément d'opportunités dans le numérique. C'est même le premier secteur qui recrute en France et 80.000 postes sont non-pourvus chaque année du fait d'un déficit de compétences", a poursuivi la spécialiste.
Tout l'enjeu réside donc dans la capacité à accompagner ces transitions et ces changements de carrière, selon Isabelle Rouhan. "Il est nécessaire d'aider à l'acquisition de nouvelles compétences pour mettre en face des métiers en tension des gens qui ont envie de les exécuter", insiste la présidente de l’Observatoire des métiers du futur, qui appelle à mettre en place des passerelles de reconversion professionnelle.
La durée de vie d'une compétence technique entre 12 et 18 mois
Quant aux études et aux formations, Isabelle Rouhan appelle à être le plus généraliste possible. "Plus on est curieux, plus on développe sa capacité d'apprendre à apprendre, plus on aura l'agilité pour changer régulièrement de métier. Alors qu'une compétence technique va avoir tendance à devenir obsolète. Dans les années 70, l'OCDE disait qu'elle avait une durée de vie de 20 ans. Maintenant, c'est de 12 à 18 mois. Donc on ne peut pas se capitaliser là dessus."
>> LIRE AUSSI - La Poste est-elle menacée de disparition ?
Une chose est sûre, il faut régulièrement acquérir de nouvelles compétences techniques pour toujours être à la page et en face du besoin. Car le métier que vous exercerez demain, n'existe peut-être pas encore aujourd'hui.