#Metoo : Catherine Deneuve, une actrice à contre-courant de l'indignation

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Signataire la plus célèbre d'une tribune pour laisser aux hommes "la liberté d'importuner", la comédienne, qui ne s'est jamais revendiquée comme féministe, fait l'objet de vives critiques.

"Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n'est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste." En pleine période de prise de conscience post-scandale Harvey Weinstein, la tribune "pour laisser aux hommes la liberté d'importuner", publiée mardi dans Le Monde, n'est pas passée inaperçue. Les cinq rédactrices du texte, à rebours du hashtag #Metoo, sont écrivaines, journalistes ou comédiennes. Mais parmi la centaine de signataires, un nom est nettement plus connu que les autres : celui de l'actrice Catherine Deneuve. Déjà critiquée pour ses prises de position nuancées et parfois même jugées anti-féministes, la comédienne fait depuis l'objet d'une levée de boucliers dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Opposée à Meryl Streep sur Twitter. Jugeant la prise de position de la star "décevante", de nombreux internautes continuaient de réagir à ce texte sur Twitter, mercredi matin, pointant le fait que l'actrice n'était pas confrontée à la même réalité que la plupart des Françaises. "Madame Deneuve n'a qu'à sortir de son château", ou "même si elle prenait le métro, ses manteaux de fourrure sont tellement épais que personne ne peut se frotter à elle", pouvait-on notamment lire sur le réseau social. D'autres dénonçaient le caractère "dépassé" de la position défendue par l'actrice, âgée de 74 ans.

 

Plusieurs personnalités publiques, comme l'ancienne ministre et candidate à l'élection présidentielle Ségolène Royal, se sont également étonnées de voir le nom de la vedette de "Belle de jour" associée à cette tribune.

 

"Est-ce que ça apporte quelque chose ?" Désormais en première ligne malgré elle, la comédienne n'avait pourtant pas attendu la publication de cette tribune pour réagir au mouvement #MeToo. "Est-ce que c'est intéressant d'en parler comme ça ? Est-ce que ça soulage ? Est-ce que ça apporte quelque chose ? Est-ce que ça va régler le problème d'une certaine façon ?", interrogeait-elle auprès du Huffington Post en octobre, qualifiant le hashtag "#balancetonporc" de "déferlement".

Quelques mois plus tôt, Catherine Deneuve s'était aussi attirée les foudres des militantes féministes en critiquant le fait que le son ami Roman Polanski, accusé de viol, ait dû renoncer à présider la cérémonie des César en raison d'une polémique naissante. "Je trouve ça honteux, vraiment", s'était-elle alors offusqué. "C'est une oeuvre des féministes qui se sont déchaînées. À mon avis, certaines ne savaient pas bien ce qu'on reproche à Roman Polanski. (...) Cette jeune femme lui a pardonné, il y a eu un arrangement financier… On ne ne peut pas, 40 ans après, continuer de lui reprocher", avait-elle encore estimé.

"Je soutiens la cause des femmes". Ces prises de position révèlent-elles une certaine défiance de l'actrice à l'égard du féminisme ? Interrogée par Le Monde sur le sujet, la principale intéressée reconnaissait en 2012 trouver le terme "trop vaste", jugeant qu'il recoupe "certaines positions extrémistes"."Des attitudes anti-hommes regrettables, alors que le but est d'arriver à plus d'harmonie entre les sexes. Mais je soutiens ardemment la cause des femmes. Je les aime bien, les femmes", expliquait-elle à l'époque.

Dans une longue interview au magazine Technikart, en novembre dernier, la comédienne disait ainsi trouver "normal" que les femmes réclament d'être payées autant que les hommes, "mais pas seulement dans le cinéma". Et justifiait à nouveau son absence d'engagement féministe pendant de sa carrière, "sans doute parce que j'étais beaucoup moins disponible qu'on le croyait". "J'ai eu très jeune un enfant, donc je voulais vraiment rentrer à la maison après les tournages, pour ne pas être partie trop longtemps", poursuivait-elle. "Et puis j'ai eu du mal à adhérer au groupe, quel qu'il soit. Je n'ai donc jamais vraiment fait partie du mouvement, à part signer le Manifeste des 343." L'occasion de rappeler qu'en 1971, l'actrice était des 343 "salopes" osant briser le silence sur l'avortement médical, alors passible de poursuites pénales.