La PDG de la RATP Catherine Guillouard s'est inquiétée mercredi de "la grande inconnue" du retour des voyageurs à la fin du confinement le 11 mai en région parisienne, son réseau ne devant fonctionner qu'à 15% de sa capacité en raison des règles de distanciation. L'entreprise publique envisage de faire circuler en moyenne 75% des métros -85% sur la ligne 13, très chargée, et 100% sur les lignes automatiques 1 et 14-, 75% des RER A et B, 75% des bus et de 80 à 100% des tramways, a détaillé Catherine Guillouard lors d'une audition au Sénat. La progression est remarquable, puisque la RATP ne fait actuellement tourner que 30% de ses véhicules.
La RATP a imprimé en hâte un million d'autocollants
"Nous avons engagé une course contre la montre pour nous préparer au mieux" avant le retour annoncé des voyageurs le 11 mai, sachant que le gouvernement n'a fait savoir que le 28 avril que les règles de distanciation sociale -les passagers devant se tenir à au moins un mètre les uns des autres- s'appliqueraient aux transports publics, a souligné Catherine Guillouard. Compte tenu de ces règles, la "capacité d'emport" va être limitée à environ 15% de la normale, a-t-elle noté.
La RATP a imprimé en hâte un million d'autocollants, en cours de pose dans les stations et les véhicules, pour aider les passagers à respecter ces règles, selon elle. "La grande inconnue du 11 mai, c'est les flux entrants dans nos réseaux" malgré tous les efforts entrepris, a reconnu Catherine Guillouard. En clair, on ne sait pas combien de Franciliens reprendront le RER, le métro, le tram ou le bus avec le déconfinement, parmi les 96% qui les ont désertés.
"On ne peut pas évidemment s'engager sur le respect permanent et en tous points des distances de sécurité vu la taille du réseau", a-t-elle relevé, ajoutant que la RATP signalerait aux autorités "les situations qui pourraient être difficiles". Des stations ou des lignes pourraient être fermées en cas de problème.
"On n'aura pas du personnel dans chaque wagon"
Il lui faudrait selon les scénarios de 1.500 à 5.000 personnes de "forces extérieures" pour surveiller le réseau, en plus des 3.000 agents déployés par la RATP. "On n'aura pas du personnel dans chaque wagon, ce n'est pas possible, on n'a pas les effectifs", a-t-elle souligné, ajoutant que les bus seraient bien moins encadrés. "Tout dépendra aussi du comportement des citoyens", a estimé Catherine Guillouard, qui "propose un pacte aux voyageurs" à qui elle demande "une forme de discipline".
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La RATP va quoi qu'il en soit installer d'ici à la fin juin un millier de distributeurs de gel hydroalcoolique dans ses stations, en commençant le 11 mai par les principales. "On essaiera de fournir des masques en appoint la première semaine" du déconfinement, a ajouté la dirigeante. Le port du masque sera obligatoire à partir du 11 mai. Les voyageurs pourront en outre acheter des masques et du gel dans les distributeurs de boissons et friandises, a-t-elle indiqué.
Quelle est la situation financière de la RATP ?
Sur le plan financier, Catherine Guillouard estime que la crise du coronavirus devrait faire perdre "entre 300 et 350 millions d'euros" à la RATP, qui s'ajouteront aux 50 millions de la grève en janvier. La Régie fait en outre face à des dépenses supplémentaires: 55 millions pour l'achat de produits sanitaires et une augmentation de 90 millions de son budget de nettoyage.
Disposant d'une trésorerie de 2,8 milliards au 5 mai, elle n'entend pas pour autant appeler l'État à l'aide, selon Catherine Guillouard. La RATP avait fini l'année 2019 sur un bénéfice net de 131 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires de 5,7 milliards.