Quel regard porter sur le féminisme actuel ? Pour Michelle Perrot, historienne, invitée d'Europe 1 samedi, les droits des femmes progressent. Pour les mouvements féministes, il reste pourtant des combats importants à mener, s'inscrivant dans la lignée des revendications des années 1970, qu'a notamment pu porter Gisèle Halimi.
Michelle Perrot a ainsi rendu hommage à l'avocate et militante féministe, décédée mardi, "une femme rebelle" qui a "choisi sa vie elle-même" et qui "toute sa vie a combattu dans le domaine du droit". Et si les mouvements féministes semblent aujourd'hui plus présents dans la rue que dans les salles d'audience, l'historienne juge ces méthodes complémentaires. "Il y a bien des manières de combattre pour les femmes et dans la rue il y avait des femmes qui étaient autour du prétoire", pendant que Gisèle Halimi plaidait rappelle-t-elle. Pour porter ces combats, "il y a quantité de femmes qui se battent et qui, demain, seront des Gisèle Halimi".
Selon l'historienne, les féministes actuelles "sont dans leur rôle, elles défendent le droit des femmes, peut-être pas toujours avec la mesure qu'on souhaiterait". Elle fait ainsi le distinguo entre l'affaire Darmanin et le cas de Christophe Girard. Dans le premier cas, même si il y a "présomption d'innocence, le ministère de l'Intérieur, c'est un ministère sensible et il y a quand même beaucoup de choses autour, ce n'est peut-être pas très habile d'avoir fait cela". Christophe Girard, "on ne lui reproche que d'avoir connu [Gabriel] Matzneff. Dans ses fonctions, il a signé un papier pour lui, il l'a peut-être invité au restaurant, une fois. Par conséquent, je trouve condamnable qu'on l'ait cloué au pilori, véritablement il ne le mérite pas".
"Le féminicide, c'est un des combats d'aujourd'hui"
Selon Michelle Perrot plusieurs combats restent à mener. "Il y a beaucoup à faire dans le domaine de la parité, la parité politique a beaucoup progressé mais est-ce que la parité existe dans les organismes de décision ? Il y a encore beaucoup à gagner". Il en va de même pour les violences faites aux femmes. "Le féminicide, le mot existait depuis longtemps mais on l'a remis en valeur. Je crois que c'est un des combats d'aujourd'hui. C'est un combat très important."
Elle voit également dans l'ouverture de la procréation médicalement assistées aux femmes seules et aux couples lesbiens, validée par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, "une victoire féministe". "Il y avait une demande depuis longtemps. C'est très important". Pour elle, cette "loi complète ce qui avait été fait auparavant" et fait notamment écho au slogan des années 1970 "un enfant si je veux, quand je veux, comme je veux".