80 ans du droit de vote des femmes : pourquoi les Françaises l'ont-elles obtenu si tardivement ?

Le 29 avril 1945, les Françaises votaient pour la première fois. Un droit intervenu bien tardivement dans l'histoire de France alors que des pays comme les Pays-Bas, la Belgique ou la Suède octroyaient le droit de vote aux femmes dès 1918.
Grâce à une ordonnance signée le 21 avril 1944, le général De Gaulle a élargi le droit de vote aux femmes. Un an plus tard, le 29 avril 1945, les Françaises ont pu voter pour la première fois lors des élections municipales.
La France ne fait pas figure d'exemple sur ce domaine. À la fin de la Grande Guerre, en 1918, les femmes obtiennent déjà le droit de vote en Autriche, en Allemagne, en Angleterre, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Belgique, en Suède ou aux États-Unis. La Nouvelle-Zélande, pionnière en la matière, a même ouvert aux femmes le chemin des urnes dès 1893.
"Les mains des femmes sont faites pour être baisées, pas pour manier le bulletin de vote"
Ce n'est pas faute d'avoir essayé d'y parvenir avant. Pendant l’entre-deux-guerres, entre 1918 et 1940, pas moins de six propositions de loi ont été votées par l’Assemblée nationale, favorable au droit de vote des femmes. Le texte était systématiquement raboté par le Sénat. Dominé par le parti centre gauche, il récuse le vote des femmes qui seraient trop indispensables domestiquement, désintéressées civiquement, ignorantes, et inexpérimentées politiquement. "Les mains des femmes sont faites pour être baisées, pas pour manier le bulletin de vote", écrit le député Alexandre Bérard dans un rapport parlementaire écrit en 1919.
Leurs votes représenteraient un danger pour l’équilibre familial, social et politique du pays de par leur nombre et leur orientation conservatrice au profit de l’Église. En d'autres termes, ces sénateurs ont peur que les femmes votent plus à droite.
Le 21 avril 1944, à Alger, le Général de Gaulle, met fin aux oppositions du Sénat en accordant le droit de vote des femmes par une résolution. Six mois après le premier vote des femmes aux élections municipales, elles retournent aux urnes pour les premières élections nationales afin d’élire les députés. En 1946, pour la IVe République, 33 femmes sont élues sur les 586 sièges en place au total.