Selon Le Monde et France 2, Monsanto a utilisé des informations privées compilées dans des fichiers à propos de journalistes, scientifiques et des personnalités politiques. Le but : les classer dans plusieurs catégories selon leurs positions par rapport au glyphosate : des "alliés", des "alliés potentiels" ou encore des "parties prenantes à éduquer". Ségolène Royal, alors ministre de l'Environnement au moment de l'établissement de ce document en 2016, était considérée comme une personnalité "à marginaliser". Invitée de Matthieu Belliard sur Europe 1, vendredi, elle dénonce une "méthode totalement illégale" et exige un "nettoyage" des pratiques de lobbying.
"C'est du lobbying très pervers, ça prouve que les enjeux financiers étaient très importants pour cette entreprise qui fabrique du glyphosate et vient d'être condamnée très lourdement par les tribunaux américains et certains tribunaux français", accuse celle qui est aujourd'hui ambassadrice des pôles. "J'étais très surprise par ces méthodes", même si "on sait depuis très longtemps que Monsanto a ce type de pratiques", poursuit-elle.
Royal veut "que tout soit mis sur la table"
Ségolène Royal en a fait les frais alors que les négociations étaient tendues, à Bruxelles, sur une éventuelle prolongation de l'utilisation du glyphosate. "C'était un combat très difficile en 2016", se souvient l'ancienne ministre. "J'avais réussi à bloquer l'autorisation du glyphosate lors du Conseil européen des ministres de l'Environnement, mais c'était contre vents et marées. Je me suis sentie très seule à ce moment-là", en raison de son isolement au sein du gouvernement de Manuel Valls, dont Stéphane Le Foll était le ministre de l'Agriculture.
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Que faire, maintenant que ces fichiers ont été dévoilés ? "La mise à jour de ces mécanismes doit permettre de nettoyer le système de lobbying illégal, irrégulier, vicieux, alors qu'il peut y avoir des lobbies au sens neutre du terme", veut croire Ségolène Royal. "On exige la transparence des informations, que tout soit mis sur la table. Dès qu'il y a la transparence, que le consommateur est informé de ce qui se passe, le rapport de forces changent." Vendredi soir, une enquête judiciaire a été ouverte à l'encontre de Monsanto.