La menace était "imminente". Quatre personnes ont été interpellées vendredi matin dans l'Hérault, au cours d'une opération antiterroriste menée par les enquêteurs de la sous-direction antiterroriste (SDAT). Selon une source proche du dossier, confirmant une information de M6, quatre personnes, dont une jeune fille âgée de 16 ans, ont été arrêtées à Montpellier, Clapiers et Marseillan. Elles sont soupçonnées d’avoir fomenté un attentat à la ceinture explosive dans un lieu touristique de Paris. Une enquête avait été ouverte par le parquet antiterroriste de Paris il y a huit jours seulement, après avoir découvert les velléités de l'adolescente sur les réseaux sociaux.
Des produits explosifs saisis. Lors de la perquisition au domicile d'un des interpellés vendredi - un converti radicalisé de 20 ans déjà connu des services de renseignement -, 71 grammes de TATP, une substance explosive artisanale très puissante mais instable, ainsi que des notes manuscrites pour en fabriquer ont été saisis. Les enquêteurs ont également retrouvé un litre d'acétone, un litre d'eau oxygénée, de l'acide sulfurique - trois produits servant à la fabrication du TATP - ainsi que des seringues et des gants de protection. Les produits ont été achetés jeudi et l'explosif confectionné aussitôt dans la journée. L'essentiel était stocké sur le balcon de l'appartement. Du matériel informatique a aussi été saisi.
Ce suspect de 20 ans est le petit ami de la mineure interpellée. Selon les premiers éléments des investigations, cet homme projetait de "se faire exploser" au moyen d'une ceinture d'explosifs sur un site touristique parisien. Un homme de 33 ans, présenté comme le mentor du jeune converti, et connu des services de renseignement, a également été interpellé.
Opérations de "vérification" dans les Ardennes
Selon le quotidien régional L'Union, le jeune homme de 20 ans est originaire des Ardennes. La police judiciaire a procédé vendredi matin à deux opérations de "vérification" aux domiciles respectifs de ses parents, séparés, à Charleville-Mézières et aux Hautes-Rivières, a confirmé le procureur de Charleville-Mézières. Il s'agissait de "vérifier si le jeune, à l'occasion d'un récent séjour, n'aurait pas laissé sur place des documents ou des explosifs", rapporte L'Union sans préciser sa source. Cette vérification n'a amené aucune interpellation. Le jeune suspect a vécu chez son père avant de perdre son emploi il y a dix mois et de s'installer dans le Sud.
Elle prête allégeance à Daech. Les enquêteurs travaillent par ailleurs sur l'hypothèse selon laquelle le jeune homme et l'adolescente de 16 ans devaient se marier religieusement avant l'attaque. La jeune femme avait enregistré mercredi une vidéo pour prêter allégeance à Daech (acronyme arabe du groupe État islamique), avant de la diffuser sur les réseaux sociaux, un élément qui laissait présager de l'imminence d'un passage à l'acte pour les enquêteurs.
Repérée sur Telegram. L'adolescente a été repérée sur les réseaux sociaux - et notamment sur la messagerie cryptée Telegram - après avoir exprimé ses velléités de partir en Syrie ou de passer à l'acte sur le sol français. Elle avait également dans ses contacts un des "objectifs" de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), connu des services spécialisés qui l'avaient identifié fin 2015 parce qu'il semblait chercher à se rendre en zone irako-syrienne. Un dispositif de surveillance avait alors été mis en place.
Une menace "imminente". "Les enquêteurs pensent qu'un passage à l'acte était prévu, mais on ne sait pas où et comment", a expliqué une source proche du dossier. "Nous sommes face à un niveau de menace terroriste extrêmement élevé qui nous oblige à chaque instant à prendre toutes les précautions pour assurer la protection de nos concitoyens", a réagi le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, en marge d'un déplacement dans la Creuse. Selon le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux, ce nouveau coup de filet antiterroriste "a permis de déjouer un projet d'attentat imminent sur le sol français", a-t-il également insisté.
Le rôle du 4ème suspect reste à préciser. Les interpellations ont été déclenchées lorsque les suspects ont été vus en train d'acheter de l'acétone et de l'eau oxygénée dans un supermarché jeudi. "Trois sont directement suspectés de préparer une action violente sur notre territoire", a précisé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. Le quatrième gardé à vue, âgé de 26 ans, a été arrêté en raison de sa présence au domicile de l'un des suspects au moment de l'interpellation mais les policiers ignorent encore son degré d'implication. Leur garde à vue peut durer 96 heures.