Le tribunal administratif de Montpellier a ordonné mercredi aux occupants de l'université Paul-Valéry, bloquée depuis mi-février dans le cadre du mouvement contre la loi réformant l'accès à la fac, de "libérer les lieux sans délai".
Dans son ordonnance, le juge des référés du tribunal considère que la mesure d'évacuation demandée par le président de l'université Patrick Gilli "présente un caractère d'utilité et d'urgence" : l'occupation "préjudicie gravement et immédiatement à l'organisation des examens et à la possibilité pour les étudiants de postuler à des stages professionnels, à des emplois ou à des inscriptions auprès d'autres universités pour la poursuite de leur cursus".
Faute de départ sans délai des occupants, le tribunal a autorisé Patrick Gilli "à procéder d'office à leur expulsion", rejetant en revanche sa demande d'être autorisé par un huissier à faire appel aux forces de l'ordre, "le président de l'université ayant (...) le pouvoir de faire lui-même appel à la force publique en cas de nécessité".
200.000 euros de dégradations, selon la présidence. "Le réoccupation légale est nécessaire pour assurer la continuité du service public" pour les 20.000 étudiants qui sont inscrits à Paul Valéry, avait plaidé mardi une représentante de la direction, assurant que "l'occupation des locaux avait donné lieu à de nombreuses dégradations", chiffrées à 200.000 euros par la présidence.
Me Sophie Mazas pour les syndicats Sud, CGT université et Solidaires étudiants, avait de son côté mis en avant le respect du droit de grève et plaidé l'irrecevabilité, arguant notamment que le président de l'université avait le droit de faire appel directement au préfet pour obtenir l'intervention des forces de l'ordre.
Pas de suspension des examens. Le préfet de l'Hérault avait laissé la porte ouverte lundi à une telle intervention, tout en reconnaissant qu'une intervention policière sur ce campus "totalement poreux" d'une dizaine d'hectares posait une "vraie difficulté". L'éventualité d'une évacuation du campus avait immédiatement suscité la réaction du comité de mobilisation Paul Valéry et de la Snesup, de la CGT Université, de Sud Education et de Solidaires, qui avaient dénoncé "le choix de la répression". Le juge des référés du tribunal administratif de Montpellier a par ailleurs, dans une autre ordonnance, confirmé que certains examens pourraient se dérouler à distance, comme l'avait organisé la présidence de Paul Valéry, en rejetant la demande de Solidaires et Sud Education de les suspendre.