La police ne peut pas être accusée. Telle est, en substance, la conclusion du rapport de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) sur la disparition de Steve Maia Caniço, le soir de la Fête de la musique, à Nantes. L'intervention des forces de l'ordre à Nantes lors de la Fête de la musique, en riposte à de "très nombreux jets de projectiles", "était justifiée et n'est pas apparue disproportionnée", selon l'enquête.
La "police des polices" conclut également qu'"il ne peut être établi de lien entre l'intervention des forces de police (...) entre 04h20 et 04h52 quai Wilson à Nantes et la disparition de M. Steve Maia Caniço après 04h dans le même secteur". Le corps du jeune homme de 24 ans a été retrouvé lundi dans la Loire.
"Trois personnes étaient tombées préalablement à l'intervention"
"Durant cette nuit, entre 8 et 14 personnes sont tombées dans la Loire sans que l'on puisse être certain du décompte effectué par les sauveteurs (...). La seule certitude étant que trois personnes étaient tombées préalablement à l'intervention des forces de l'ordre", a détaille l'IGPN. Selon le rapport, "aucune des personnes repêchées" ce soir-là n'a par ailleurs déclaré être tombée à l'eau du fait de l'action de la police.
Dans ses observations, l'IGPN relève également que la mairie de Nantes "n'avait mandaté que deux agents d'une société privée de sécurité afin d'empêcher la foule attirée par les 'sound systems' de tomber dans le fleuve proche" et qu'elle 'avait fait positionner des barrièrages le long d'une partie seulement du quai Wilson alors que les 'sound systems' ont été installés jusqu'au bout du quai, ce qui a généré un risque pour le public".
"L'enchaînement des faits reste confus"
Le Premier ministre Édouard Philippe a déclaré mardi qu'une nouvelle inspection allait être diligentée. Le rapport "met en évidence des difficultés liées à l'intervention, consécutive à des jets de projectiles en direction des policiers et menée dans un rapport de forces défavorable qui a conduit à l'emploi des moyens lacrymogènes", a souligné le chef du gouvernement dans une déclaration prononcé mardi dans la cour de Matignon aux côtés du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Le rapport "met également en évidence des interrogations sur la préparation de cet événement", a poursuivi le Premier ministre, avant de convenir que "l'enchaînement des faits reste confus" et que plusieurs interrogations restaient en suspens alors que le corps de Steve Maia Caniço, repêché lundi dans la Loire, a été identifié mardi.
"Compte tenu de la proximité immédiate de la Loire et du risque de chute dans le fleuve, les mesures préventives étaient-elles adaptées et proportionnées ?", a interrogé Edouard Philippe. "Les autorités de police présentes sur les lieux au moment des événements et chargées de leur gestion disposaient-elles d'une conduite à tenir suffisamment claire face aux éventuels troubles à l'ordre public ?", s'est-il encore demandé.
"Un drame qui nous touche tous"
Affirmant ne pas pouvoir se "satisfaire" de ces zones d'ombre et vouloir faire "toute la lumière", le Premier ministre a ajouté avoir décidé de saisir mardi "l'inspection générale de l'administration pour aller plus loin et comprendre les conditions d'organisation de l'événement par les pouvoirs publics, mairie et préfecture, ainsi que les organisateurs privés".
Les conclusions de ce nouveau rapport seront attendues "sous un mois" et seront "mises à la disposition de l'autorité judiciaire", alors que le parquet de Nantes a ouvert mardi une information judiciaire "contre X" pour "homicide involontaire". Promettant la "transparence totale dans cette affaire", le Premier ministre a également indiqué qu'il recevrait avec Christophe Castaner les parents de Steve Maia Caniço "prochainement" afin de leur témoigner leur "soutien". La mort de Steve "est un drame qui nous touche tous", a déclaré le Premier ministre.
Avant cette déclaration, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner avait passé deux heures à Matignon pour examiner avec Edouard Philippe cette affaire qui embarrasse le gouvernement. Le président Emmanuel Macron s'était entretenu lui aussi avec Edouard Philippe, lui demandant de "prendre les initiatives nécessaires", selon l'Elysée.
La maire de Nantes trouve "troublant et inquiétant" le rapport de l'IGPN
La maire de Nantes, Johanna Rolland (PS), a estimé mardi soir "troublant et inquiétant" que l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) ne soit pas "en mesure de dire ce qui s'est passé" lors de la Fête de la musique au cours de laquelle a disparu un jeune homme de 24 ans. "Je constate qu'après 5 semaines d'enquête, l'IGPN n'est toujours pas en mesure de dire ce qui s'est passé dans la nuit du 21 au 22 juin dernier sur le quai Wilson à Nantes. C'est pour le moins troublant et inquiétant", a déclaré Johanna Rolland à l'AFP.
"Comme depuis les premiers jours, je demande la vérité, la transparence doit être totale. Nul ne peut transiger sur la transparence quand il s'agit de la mort d'un homme", a ajouté l'élue. Le 18 juillet, la maire de Nantes avait demandé des explications au ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, sur l'opération de police intervenue en fin de nuit, lors de la Fête de la musique. Elle avait estimé qu'à cette occasion, il avait "été fait un usage de la force qui apparaît disproportionné" et que "plusieurs personnes" étaient alors "tombées dans le fleuve".