Mort du pape François : à quelles occasions les drapeaux sont-ils mis en berne en France ?

Les drapeaux seront mis en berne samedi en France en mémoire du pape François, pour le jour de ses funérailles. Lors de quels événements l'État ordonne-t-il une telle démarche ? Et quelles personnalités ont eu le droit à cet honneur après leur décès ? Europe 1 fait le point.
La France va honorer la mémoire du pape François, décédé à l'âge de 88 ans, en mettant ses drapeaux en berne ce samedi, le jour des obsèques du souverain pontife. Une démarche qui ne fait pas l'unanimité dans la classe politique, le député Alexis Corbière dénonçant une "laïcité à géométrie variable". Pourtant sous la Ve République, en plus de décréter un deuil national, il est de coutume de mettre les drapeaux tricolores en berne à des occasions bien précises.
Après la mort des présidents de la République
La première d'entre elles consiste à rendre hommage aux différents présidents de la République qui se sont éteints. C'est l'article 47 du décret 89-655 du 13 septembre 1989 qui en pose les principes. Quand un chef d'État français vient à décéder, "les drapeaux et étendards des armées prennent le deuil ; les bâtiments de la flotte mettent leurs pavillons en berne", est-il écrit.
Ainsi, mémoire a été rendue de cette façon à François Mitterrand en 1996, Jacques Chirac en 2019 et à Valéry Giscard d'Estaing en 2020. Toutefois, cela n'a pas été le cas pour Charles de Gaulle en 1970, ni pour Georges Pompidou en 1974, deux décès intervenus avant la publication de l'article 47 du décret du 13 septembre 1989.
Un hommage rendu à la plupart des papes
Pour d'autres occasions, les drapeaux peuvent être mis en berne par le moyen d'une circulaire. Et à l'image du pape François, cela a concerné quasiment tous les prédécesseurs du souverain pontife depuis le début de la Ve République.
Ainsi, les drapeaux ont été abaissés après la mort de Pie XII en 1958, de Jean XXIII en 1963, Jean-Paul Ier en 1978 et Jean-Paul II en 2005. Le pape Benoit XVI, qui avait renoncé à sa fonction en 2013 avant de mourir fin 2022, n'a pas reçu un tel hommage.
Des personnalités politiques de premier plan saluées
Au-delà des papes, d'autres dirigeants étrangers ont reçu un hommage de la Nation avec la mise en berne des drapeaux tricolores. Cinq ans avant la Ve République, c'est la mémoire de Joseph Staline qui a ainsi été honorée. Les drapeaux ont également été hissés à mi-hauteur après la mort du dictateur espagnol Francisco Franco en 1975 (décision prise par Valéry Giscard d'Estaing), celle de l'ancien président américain Ronald Reagan en 2004, du dirigeant sud-africain Nelson Mandela en 2013, et de la reine Elizabeth II en 2022.
En 2014, la France a décidé de mettre les drapeaux en berne pendant trois jours pour honorer la mémoire d'Hervé Gourdel, guide de haute montagne décapité en Algérie. En 2020, c'est pour le professeur Samuel Paty que la Nation a abaissé les drapeaux durant une journée.
Le 11-Septembre, le 13-Novembre, le cyclone Chido à Mayotte... Ces événements commémorés
Enfin, l'État peut décider d'employer pareille démarche après des événements tragiques, en France ou à l'étranger. C'est ainsi qu'en 2001, une mise en berne de quatre jours des drapeaux a lieu après les attentats du 11-Septembre aux États-Unis. Trois ans plus tard, en 2004, c'est celui de Madrid qui est commémoré de cette manière.
Depuis 2015 et l'attentat de Charlie Hebdo, les drapeaux ont été mis en berne durant trois jours pour rendre hommage aux victimes des attaques terroristes. Cela a été le cas pour les attentats du 13-Novembre la même année, et ceux de Bruxelles et de Nice en 2016.
La mise en berne des drapeaux a également été ordonnée après deux accidents dramatiques retentissants, dans lesquels se trouvaient des Français : le crash du vol Rio-Paris en 2009 et celui du vol 5017 Air Algérie au Mali en 2014. Aussi, en 2004, le 10e anniversaire du génocide au Rwanda avait été commémoré de cette façon, tout comme le séisme meurtrier en Asie du Sud-Est en 2005. Dernièrement, c'est pour rendre hommage aux victimes du cyclone Chido à Mayotte, fin 2024, qu'Emmanuel Macron avait décrété un deuil national, accompagné d'une mise en berne des drapeaux.