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Mort du pape François : comment qualifier les relations qu'entretenait le souverain pontife avec la France ?

Romain Rouillard - Mis à jour le . 3 min
Le pape François serre la main d'Emmanuel Macron lors de son déplacement en Corse en décembre dernier.
Le pape François serre la main d'Emmanuel Macron lors de son déplacement en Corse en décembre dernier. © Ludovic MARIN / POOL / AFP

Parfois critiqué pour son attitude supposément méprisante envers la France, le pape François, décédé ce lundi à l'âge de 88 ans, s'y est pourtant rendu à trois reprises et y a effectué son dernier déplacement. Pour Europe 1, l'historien Martin Dumont évoque plutôt un "malentendu" et assure que François ne nourrissait aucune défiance à l'égard de l'Hexagone.

Durant ses 12 années de pontificat, le pape François, décédé ce lundi 21 avril à l'âge de 88 ans, n'a jamais mis les pieds en Espagne, en Allemagne ou encore au Royaume-Uni. Trois pays pourtant marqués par un fort ancrage chrétien. A contrario, le souverain pontife a foulé le sol français à trois reprises : en novembre 2014 à Strasbourg, en septembre 2023 à Marseille, où il a célébré une grande messe au stade Vélodrome, et enfin en décembre dernier en Corse.

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Et pourtant, certains dans l'Hexagone collent à François l'image d'un pape peu francophile. À l'image de Philippe de Villiers qui, au micro de Pascal Praud et vous ce lundi matin, critiquait un "pape des minorités" ayant "toisé la France", pays à qui le souverain pontife a, selon lui, "montré du mépris à plusieurs reprises". 

Il faut dire que les trois visites du pape François dans l'Hexagone ont, à chaque fois, fait lever quelques sourcils. D'abord en 2014 lorsque, à l'occasion d'un déplacement certes consacré aux questions européennes, le Saint-Père s'en était tenu à un discours au Conseil de l'Europe et au Parlement de Strasbourg, sans le moindre détour par la célèbre cathédrale de la capitale alsacienne.

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"J'irai à Marseille, pas en France" 

Neuf ans plus tard, à Marseille, et malgré la somptueuse messe célébrée dans l'enceinte du stade Vélodrome, le pape François avait pris soin, en amont, de clarifier les choses : "J'irai à Marseille, pas en France". Une manière de souligner qu'il ne procéderait pas à une visite d'État au sens strict du terme, avec tous les protocoles qui l'accompagnent.

Le stade Vélodrome lors de la messe donnée par le pape François en septembre 2023.
Le stade Vélodrome lors de la messe donnée par le pape François en septembre 2023. © Andreas SOLARO / AFP

Enfin, le timing de son troisième et dernier voyage en France avait été vivement commenté. Le 15 décembre 2024, le pape François atterrissait en Corse, à Ajaccio, une semaine jour pour jour après l'inauguration en grande pompe de la cathédrale Notre-Dame de Paris à laquelle il n'a pas assisté. 

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Mais selon Martin Dumont, historien et auteur de La France dans la pensée des papes. De Pie VI à François, ce déplacement à Ajaccio n'est, en rien, une volonté du Saint-Siège de "snober" la capitale et sa majestueuse cathédrale. "Il voulait insister sur l'aspect pastoral de sa visite. Il venait visiter une terre de chrétienté, avec ses caractéristiques propres, ce qui n'aurait pas été possible à Notre-Dame avec tous les chefs d'État. Mais il n'empêche qu'il est tout à fait sensible au symbole que représentent les églises et les cathédrales. Il avait d'ailleurs indiqué aux évêques français l'attachement qui était le sien pour Notre-Dame. Il y voyait un modèle de reconstruction et un modèle pour le relèvement du catholicisme en France", affirme le spécialiste. 

"Il existe un lien très fort entre le pape François et certains intellectuels français"

D'après Martin Dumont, le désamour supposé du pape à l'endroit de la France est avant tout "un malentendu". "Il existe un lien très fort entre le pape François et certains intellectuels français. Lorsque l'on lit ses textes et qu'on entend ses interventions, on sent vraiment un grand attachement du pape pour ces intellectuels. Déjà, lors de la cérémonie d'intronisation, la première en tant que pape, il avait cité un écrivain français. Sa sainte préférée est Thérèse de Lisieux, plusieurs religieux français font partie de ses modèles... Pour quelqu'un qui n'aime pas la France, ce n'est pas si mal !", sourit l'auteur. 

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Martin Dumont reconnaît toutefois que le pape François a "souffert de la comparaison" avec ses deux prédécesseurs, Benoit XVI et Jean-Paul II, francophiles convaincus, mais aussi francophones. Mais selon lui, cette distance entre le pape et leur pays, que les fidèles français ont pu ressentir, est avant tout liée à la personnalité profonde du pape François. "Il avait expliqué que, dans ses grands voyages, il voulait se tourner d'abord vers les périphéries, des terres de chrétienté où le pape n'était jamais allé". D'où l'étiquette de "pape du Sud global" que d'aucuns attribuent à un pape guère intéressé par les mondanités et surtout désireux de mettre en lumière un christianisme qui n'a pas les faveurs des projecteurs. Une ouverture qui, assure Martin Dumont, n'est pas synonyme de dédain ou de mépris à l'encontre de l'Hexagone.