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Caroline Baudry avec AFP , modifié à
Quatre jeunes hommes ont été mis en examen pour assassinat dans la nuit de dimanche à lundi après la mort de Shemseddine, 15 ans, tabassé jeudi devant son collège de Viry-Châtillon pour un différend impliquant la soeur de deux d'entre eux, a annoncé dans la nuit le parquet d'Évry. 

Quatre jeunes hommes ont été mis en examen pour assassinat dans la nuit de dimanche à lundi après la mort de Shemseddine, 15 ans, tabassé jeudi devant son collège de Viry-Châtillon pour un différend impliquant la sœur de deux d'entre eux, a annoncé le parquet d'Evry. Deux des mis en cause - un majeur de 20 ans et un mineur - ont été écroués tandis que deux autres mineurs sont incarcérés provisoirement avant un débat contradictoire mercredi, explique le procureur d'Evry Grégoire Dulin dans un communiqué.

En début de soirée, le parquet avait indiqué que ces quatre jeunes étaient poursuivis pour avoir roué de coups l'adolescent jeudi après-midi, devant le collège des Sablons. Pris en charge par les urgences et hospitalisé à l'hôpital Necker à Paris, l'adolescent est mort vendredi en fin d'après-midi des suites de ses blessures. Selon les premiers éléments de l'enquête et les déclarations des mis en cause, cités par le procureur, les deux frères - 20 et 17 ans - ont appris, plusieurs jours auparavant, que "leur sœur correspondait avec des personnes de son âge sur des sujets relatifs à la sexualité".

"Craignant pour sa réputation et celle de leur famille, ils avaient enjoint à plusieurs garçons de ne plus entrer en contact avec elle. Ils avaient ensuite appris que la victime se vantait de pouvoir librement parler avec leur soeur, n'ayant pas encore eu à subir de pression de leur part", a ajouté M. Dulin.

"Extrême gravité des faits"

Les deux frères, accompagnés de deux connaissances, âgées de 17 ans, se sont alors rendus jeudi au collège des Sablons, où ils ont croisé "de manière fortuite" Shemseddine, selon leurs dires cités par le magistrat. Ils auraient demandé à l'adolescent de les suivre dans un hall d'immeuble pour avoir "une explication au sujet des propos qu'il tenait à l'égard de la jeune fille". "Le ton était monté et des coups avaient été portés, entraînant la chute de la victime", poursuit le procureur.

Le frère âgé de 20 ans aurait contacté les secours mais, "pour assurer leur fuite", affirme le parquet, il aurait donné "de fausses indications aux services de police en expliquant notamment qu'il avait vu plusieurs jeunes cagoulés s'enfuir à pied". Le ministère public a requis le placement en détention provisoire de ces quatre jeunes, dont trois sont connus de la justice, à cause, a-t-il dit, des "risques de concertation et de pression sur les témoins, ainsi que du trouble majeur à l'ordre public suscité par l'extrême gravité des faits".

"Ce n'est pas un assassinat mais des coups mortels sans intention de la donner", a contesté devant la presse l'avocat d'un des quatre jeunes, Me Jacques Bourdais, assurant que son client s'était "spontanément rendu au commissariat" pour y être entendu. "L'enjeu de l'instruction judiciaire sera de déterminer, dans le calme et la sérénité, les circonstances exactes dans lesquelles les faits se sont déroulés, l'élément déclencheur de cette tragédie et la responsabilité de chacun dans ce drame", a déclaré à l'AFP le conseil d'un autre mis en cause, Me Arnaud Simonard.

Un "quartier en deuil"

Toujours selon le procureur, l'enquête a permis d'établir que la sœur, 15 ans, n'était pas présente au moment des faits mais elle a été mise en examen du chef "d'abstention volontaire d'empêcher un crime". Comme le parquet l'avait requis, "une mesure éducative judiciaire provisoire a été ordonnée à son égard, avec un placement dans un établissement éducatif et l'interdiction de paraître dans l'Essonne".

A Viry-Châtillon, une ville réputée calme située à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris, l'émotion était encore vive dimanche après-midi. La Maison des jeunes et de la culture (MJC) la plus proche du collège des Sablons a ouvert exceptionnellement ses portes dimanche pour accueillir quelques familles du quartier venues parler au personnel, a constaté un journaliste de l'AFP. "C'est tout un quartier qui porte le deuil. C'est difficile, il y en a qu'on a connus depuis le collège ou tout petit. On ne sait pas encore comment on va gérer ça nous mêmes", a déclaré à l'AFP une éducatrice, Fabienne Seban.

"Il y a beaucoup d'émotion qui passe dans l'esprit des gens. Le plus important, c'est de montrer notre soutien à la famille", a souligné pour sa part le maire centriste de la ville, Jean-Marie Vilain. Le décès, quatre jours après une autre agression violente qui a visé une collégienne à Montpellier, a provoqué l'émoi dans le pays. "Nous serons intraitables contre toute forme de violence", il "faut protéger l'école de ça", a déclaré vendredi le président Emmanuel Macron.