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Romain David
Infirmière de nuit, Nawelle témoigne au micro d'Olivier Delacroix, sur Europe 1, des effets de son travail sur sa santé.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Il y a un an, Nawelle, fraîchement diplômée d'une école d'infirmière, a accepté un poste en horaires de nuit. Cette jeune femme de 27 ans n'a pas tardé à voir les effets du travail décalé sur son moral, sa forme et même son apparence. Au micro d'Olivier Delacroix, sur Europe 1, elle détaille les effets néfastes de ses nouveaux horaires sur sa santé.

"Avant, je travaillais aux urgences. On faisait un roulement jour-nuit qui était un peu chaotique, il y avait toujours des problèmes, car les cadres sont toujours débordés. Ils ne savent pas gérer les plannings, mais ça se passait plutôt bien.

Quand j'ai changé de service, on m'a proposé un travail de nuit parce que, malheureusement, il n'y avait que ça en CDI. De plus en plus de gens évitent le travail de nuit. Moi, étant jeune diplômée, j'ai accepté.

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Nawelle n'a pas tardé à voir les premières conséquences de son nouveau travail, d'abord sur son sommeil et sa vie sociale...

[…]

Je commence à 19h15 et je finis à 7h15. Je suis dans le privé, donc je ne fais pas les cinq jours de suite, j'en fais trois au maximum. On fait trois jours, on s'arrête deux jours, on recommence deux jours… C'est assez compliqué parce que le premier jour de repos, quand on travaille de nuit, n'est pas vraiment un jour de repos. […] Soit on dort toute la journée et on se réveille complètement en décalé ; on n'a rien fait de sa journée, on a tout loupé, c’est hyper déprimant, soit on se force à ne pas dormir ou à dormir très peu…

... mais aussi sur son physique

 […]

Ça fait un an que j'y suis, je suis épuisée, mon visage a changé, j'ai pris sept kilos. J'ai de l'acné, je suis constamment de mauvaise humeur…

[…]

J'ai un gros visage de bébé, les gens me disaient que j'avais l'air en forme. Maintenant, ils me disent que j'ai l'air épuisé, malade. J'ai beau mettre tous les anti-cernes du monde, ça ne marche pas. C'est horrible. Et puis on mange n'importe comment, en décalé, à trois ou quatre heures du matin… si on a le temps de manger."

Les horaires décalés, une dangereuse contrainte pour l'organisme

Le travail en horaires décalés peut avoir de lourdes conséquences sur l'organisme humain, contraint de s'adapter à un rythme pour lequel il n'a pas été biologiquement conçu. "L'être humain est fondamentalement diurne. On est fait pour vivre le jour et dormir la nuit", explique Laurence Weibel, chronobiologiste à l'Institut national de recherche et de sécurité, organisme de référence sur la prévention des risques professionnels. "Les travailleurs de nuit cumulent les effets néfastes d'altérations de leur rythme biologique, mais également les effets liés à ce que l'on appelle la 'dette de sommeil', c'est-à-dire dire un sommeil qui est réduit en quantité et en qualité", détaille cette spécialiste, qui relève que les accidents du travail sont plus fréquents et plus graves en horaires de nuit.

Les perturbations induites par le travail de nuit sur l'organisme peuvent, à plus ou moins long terme, avoir des conséquences graves et favoriser le développement de certaines pathologies, cardio-vasculaires notamment. "Le travailleur de nuit est soumis à un conflit entre différentes informations qui proviennent de son environnement", poursuit Laurence Weibel. "Ce conflit aboutit à des désynchronisations du rythme biologique et notamment de nos rythmes de vigilance, de performance, mais également à des désynchronisations de plusieurs hormones, ce qui peut conduire à des pathologies."

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