Au troisième jour de l'opération d'expulsion de Notre-Dame-des-Landes, de nouveaux heurts ont éclaté entre gendarmes mobiles et zadistes positionnés derrière des barricades, tandis que les opposants historiques, scandalisés par l'ampleur des destructions, battent le rappel de leurs soutiens.
Des affrontements dès 7 heures. Les gendarmes sont arrivés vers 06h30 dans la zone où se sont concentrés mardi les heurts, non loin de la D281, route dite "des chicanes", entre les "Fosses noires" et les "Vraies rouges". Des affrontements ont éclaté vingt minutes après sur la route des Fosses noires jouxtant les lieux, perpendiculaire à la D281, qui avait été obstruée pendant plus de cinq ans par des obstacles en tous genres avant d'être dégagée en janvier après l'annonce de l'abandon du projet d'aéroport.
Projectiles et grenades de désencerclement. Les gendarmes ont répliqué aux projectiles lancés par un groupe d'environ 70 zadistes par des tirs de grenades lacrymogènes et de désencerclement. Les zadistes se sont positionnés derrière l'une des barricades de deux à trois mètres de haut constituées de palettes, taules et débris de bois, qui sont apparues dans la nuit. Ils ont ensuite mis le feu à une barricade. Un hélicoptère survole la zone tandis qu'un convoi de plus d'une vingtaine de fourgons de gendarmerie s'est positionné sur la D281.
Quatorze gendarmes blessés mardi. Quatorze gendarmes ont été blessés mardi, selon un nouveau bilan du ministère de l'Intérieur, dont quatre après un tir manqué de grenade avec effet de souffle et lacrymogène, tandis qu'une dizaine souffrent également d'acouphènes. Le ministère a fait état d'une nouvelle interpellation. Selon l'équipe médicale des zadistes, une trentaine d'opposants ont été blessés, dont deux blessés graves hospitalisés.
Des projets collectifs agricoles détruits. En détruisant les lieux de vie installés autour de la D281, l'ex-route "des chicanes" qui traverse la Zad et où se cristallisaient les tensions depuis l'abandon du projet d'aéroport en janvier dernier, les gendarmes ont détruit au passage des projets agricoles collectifs. D'où la colère de l'Acipa et un sentiment de trahison exprimé mardi par des zadistes.
Après le lieu-dit "100 Noms", les gendarmes mobiles ont ciblé un potager collectif, situé lui aussi à plus d'une centaine de mètres de la route départementale 281. Selon le bilan de la préfecture, 16 sites ont été évacués lundi et mardi. Sur ces 16, 15 ont été démolis, dont neuf mardi.
Des opérations jusqu'en fin de semaine. L'objectif annoncé est "de 30 à 40" sites à démanteler, a indiqué mardi en fin de journée la préfète de région "On ira jusque-là, sauf s'il y a un changement d'objectif", a-t-elle indiqué. L'intervention pourrait "durer jusqu'à la fin de la semaine", selon le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb qui a mobilisé près de 2.500 gendarmes pour cette opération.
Récupérer des terres agricoles. Malgré les tensions liées à l'opération massive des deux derniers jours, mardi soir Nicole Klein a assuré que "le dialogue n'est absolument pas interrompu. Il reprendra, je l'espère, aussi vite que ce sera possible". Le Premier ministre Édouard Philippe a lui insisté mardi sur l'enjeu des terres agricoles : "Nous voulons récupérer les terrains pour que des projets agricoles puissent s'y développer, nous le faisons avec beaucoup de maîtrise dans l'emploi de la force mais aussi avec beaucoup de résolution, beaucoup de fermeté", a-t-il dit. Cette opération de grande ampleur prévoit d'expulser toute personne n'ayant pas régularisé sa situation en déclarant de nouveaux projets agricoles individuels.