Trois femmes djihadistes et neuf enfants arrêtés cet été en Turquie ont atterri mardi en France, où les adultes ont été placées en rétention et les enfants confiés à l'Aide sociale à l'enfance. L'une des trois Françaises soupçonnées d'appartenir au groupe Etat islamique est Jennifer Clain, la nièce des frères Fabien et Jean-Michel Clain, qui ont revendiqué au nom de l'EI les attentats du 13 novembre 2015 en France, ont indiqué des sources concordantes à l'AFP, confirmant une information de France Inter. Pour "la filiation, il reste à effectuer des vérifications mais c'est l'orientation", a déclaré une source proche du dossier. Les trois femmes ont été mises en examen pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et écrouées après leur retour.
Jennifer Clain avait été arrêtée par les autorités turques avec deux autres femmes en juillet dans la province de Kilis, frontalière avec la Syrie. Elle est mariée à Kévin Gonot, un Français condamné à mort en Irak le 26 mai pour appartenance à l'EI. Les deux autres adultes sont la femme de Thomas Collange, le demi-frère de Kévin Gonot, et celle du père de ce même Kévin Gonot, selon une autre source proche. Visées par des mandats d'arrêt, elles ont été placées en rétention avant d'être présentées à un juge d'instruction en vue d'une éventuelle mise en examen.
La nièce de Fabien et Jean-Michel Clain de retour
Les neuf enfants, âgés de 3 à 13 ans, ont été confiés par la justice à l'Aide sociale à l'enfance (ASE) de Seine-Saint-Denis, dont dépend l'aéroport de Roissy par lequel se font la majorité des retours. Leur arrivée porte à "cinquante le nombre d'enfants pris en charge par l'ASE 93", a indiqué à l'AFP le président (PS) du Conseil départemental, Stéphane Troussel. Il déplore que le département assume leur prise en charge "sans aucune aide de l'Etat", "malgré mes nombreuses alertes depuis un an et demi". Sur les cinquante enfants pris en charge, "seuls trois ou quatre avaient un lien avec la Seine-Saint-Denis", a-t-il rappelé.
Fabien et Jean-Michel Clain, vétérans du djihadisme français qui furent au cœur de l'appareil de propagande du groupe Etat Islamique, sont donnés pour morts depuis février, victimes selon plusieurs sources concordantes d'une frappe de la coalition. Depuis leur départ de France - le cadet avait rejoint la Syrie avant l'aîné, qui s'y rendra début 2015 - les deux hommes demeuraient introuvables, les autorités pensant qu'ils se trouvaient toujours dans le pays. Cette opération, distincte des rapatriements au cas par cas d'enfants en provenance du Kurdistan syrien, s'inscrit dans le cadre des expulsions régulières des djihadistes par la Turquie.