Quatorze prévenus, dont un trentenaire soupçonné d'être un poids lourd du trafic de drogue à Nice, ont obtenu leur remise en liberté en raison d'une erreur de la justice, a indiqué l'un de leurs avocats mardi, confirmant une information de Nice-Matin. La qualification des faits les plus graves reprochés aux prévenus relevait de la cour d'assises, et non pas du tribunal correctionnel où les prévenus comparaissaient lundi pour une audience relais.
Levée des mesures coercitives
"C'est une situation totalement inédite, un cas d'école", a déclaré Me Paul Sollacaro, qui défendait un chauffeur de bus incriminé en toute fin de procédure en 2018, à tort selon son avocat, deux ans après le coup de filet qui avait conduit les autres prévenus sous les verrous. "La juge, dans son ordonnance de renvoi, a inclus des crimes : direction d'un groupement en vue d'un trafic de stupéfiants et blanchiment aggravé", a-t-il expliqué.
"Le tribunal s'est déclaré complètement incompétent car il ne peut juger que des délits, et pas des crimes, et il a été obligé de lever les mesures coercitives : ceux qui étaient détenus ont été remis en liberté, ceux qui avaient un contrôle judiciaire ou un bracelet électronique, ne l'ont plus", a poursuivi Me Sollacaro. "C'est ce qui se passe quand on confond vitesse et précipitation", a estimé l'avocat, qui critique l'emballement de la police et de la justice dans cette enquête qui avait permis de saisir 600 kg de cannabis, 8 kg de cocaïne, une quinzaine de pistolets automatiques ou armes de guerre, et des véhicules volés.
Le principal protagoniste du dossier, Christophe D., lunettes fumées, cheveux gominés et physique d'athlète dans le box des prévenus, devrait rester en prison quelques mois pour purger une condamnation pour une tentative d'évasion. Présenté par les enquêteurs comme une figure montante du banditisme niçois et déjà condamné pour des faits de trafic de stupéfiants, l'homme affichait un avantageux train de vie, voiture de sport Lamborghini, vélos de compétition haut de gamme et voyages à travers le monde pour assouvir une passion pour le triathlon, et son épreuve reine, l'Ironman. Le parquet a indiqué qu'il allait réagir pour relancer la procédure.