Nouvelle-Calédonie : «La situation évolue très lentement», témoigne Philippe Dunoyer, député Renaissance de l'archipel

Philippe Dunoyer 5:59
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/ Crédit photo : DELPHINE MAYEUR / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
Huit jours après le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron se rend ce mardi soir sur l'archipel. Une visite présidentielle très attendue par les Calédoniens qui attendent des réponses fortes. Pour l'occasion, le député Renaissance de Nouvelle-Calédonie, Philippe Dunoyer, est l'invité d'Europe 1 Soir.

En annonçant son départ dès mardi soir pour la Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron a repris en main le dossier calédonien jusqu'ici confié à Beauvau et Matignon, en faisant le pari d'un retour rapide à l'ordre dans l'archipel et d'une amorce de dialogue après une semaine d'émeutes meurtrières. Pour ramener l'ordre, un millier de policiers et de gendarmes ont été envoyés en renfort dans le territoire d'outre-mer, où l'on déplore six morts dont deux gendarmes depuis le début de la crise. L'Assemblée nationale leur a rendu hommage mardi en observant une minute de silence. Pour l'occasion, le député Renaissance de Nouvelle-Calédonie, Philippe Dunoyer, est l'invité d'Europe 1 Soir. Au micro de Pierre de Vilno, il revient sur la situation que vivent les habitants sur place.

Moins de ravages et de pillages

Selon lui, au neuvième jour d'émeutes et de prise en otage des Calédoniens, le climat semble tout de même s'apaiser. "Il y a bien moins de ravages, d'incendies, de pillages et de saccages comme on a connu dans les tout premiers jours. Et les forces de l'ordre arrivent nombreuses en masse pour renforcer celles qui étaient déjà présentes. Elles font un travail qui est très compliqué et très dangereux au quotidien. Il faut leur rendre hommage parce qu'elles évoluent dans des conditions très difficiles", insiste le député au micro d'Europe 1.

En revanche, pour Philippe Dunoyer, la situation ne s'aggrave pas, mais elle ne s'améliore pas non plus. "Il y a toujours le couvre-feu et il y a des zones qu'il faut clairement éviter. Il peut y avoir des barrages à la circulation, du car-jacking et des départs d'incendie sporadique. La situation évolue très lentement et la ligne vers l'aéroport n'est pas rétablie non plus", déplore-t-il.

"Une progression très lente du rétablissement des libertés individuelles"

Mais concrètement, quel est le profil des émeutiers ? "La population des émeutiers est très jeune. On apprenait tout à l'heure que certains pouvaient avoir jusqu'à treize ans et on le sait parce que certains se blessent en manipulant des cocktails molotov. Il y a des majeurs évidemment. Certains sont très organisés ou très militarisés. Et d'autres profitent des situations pour piller, saccager et voler", détaille Phillipe Dunoyer.

Face à cette situation, le député dénonce les conditions dans lesquelles doivent vivre les habitants de la région. "Beaucoup de Calédoniens ont peur. Les problèmes d'alimentation perdurent et les questions de santé posent des soucis. Il y a des personnes qui ont perdu la vie parce qu'ils n'ont plus accès aux centres de soins. Les écoles sont fermées et la circulation n'est pas rétablie. On est vraiment dans une progression très lente du rétablissement des libertés individuelles", dénonce-t-il.

Un report du Congrès de Versailles ?

Interrogé sur la venue du président de la République, Philippe Dunoyer estime qu'il y a une "exigence" et un "espoir". "Les deux doivent se combiner. L'exigence, c'est le rétablissement et le plus vite possible. Quelque soit le temps que ça prendra, il faut de l'ordre et de la sécurité pour les Calédoniens qui sont pris en otage. L'espoir, il concerne le sujet de la loi constitutionnelle. Il doit prendre un tournant dans sa gestion pour qu'on ait une reprise en main politique et qu'on trouve une solution politique à une situation qui nous échappe", réclame-t-il. 

Mais, pour cela, faut-il un report du corps électoral ? "Dans un premier temps, on souhaite une mission du dialogue. Et pour que cette mission puisse renouer des fils du dialogue, qui sont très distendus, il va falloir certainement un temps qui n'est pas compatible avec la fixation de la date aujourd'hui prévue du Congrès de Versailles. Donc oui, je demande que cette mission soit accompagnée de l'annonce du report de la date de ce congrès", souligne le député. La venue d'Emmanuel Macron semble donc très attendue par les Calédoniens.