2.000 personnes, dont 1.700 bénévoles, participaient jeudi soir à Paris à la première Nuit de la Solidarité, avec pour objectif de recenser les personnes sans domiciles fixes (SDF). "Nous avions des estimations des associations mais nous avions vraiment besoin de ce comptage à la fois associatif et citoyen pour cette opération qui vise à combler l'absence de chiffres incontestables et incontestés", a expliqué Florent Guéguen, directeur de la Fnars (Fédération des acteurs et de la Solidarité), sur Europe 1 vendredi.
Absence de données récentes. "Nous manquons beaucoup de données et de chiffres sur le nombre de SDF. La dernière enquête incontestée, c'est celle de l'Insee en 2012. Elle indiquait que 140.000 étaient sans domicile fixe sur l'ensemble, et déjà en 2012 l'Insee comptait une progression de 50% sur dix ans du nombre de SDF", rappelle Florent Guéguen. "Nous craignons que depuis 2012 cette progression ait continué en raison de la crise économique, du logement cher - particulièrement dans les grandes villes - mais aussi de la crise migratoire qui a un impact sur le sans-abrisme. Nous sommes, au niveau national, à notre avis, au moins autour de 200.000 personnes sans domicile fixe", poursuit-il alors que les remontées exactes des chiffres récoltés dans la nuit de jeudi à vendredi devraient être connues mercredi prochain.
Une opération nécessaire. Après son annonce, cette initiative de recensement a choqué certains qui dénonçaient un compte et un fichage. Mais pour les associations, ces statistiques sont très importantes. "Nous, les associations de lutte contre l'exclusion, nous avons soutenu cette opération, nous y avons participé parce que nous considérons qu'il faut mieux connaitre la population de sans-abri pour mieux répondre à ce fléaux et proposer des solutions qui soient adaptées", indique le directeur de la Fnars. "Aujourd'hui, il y a à la fois un manque d'hébergement mais aussi un manque de logement. On voit aussi qu'un certain nombre de structures sont inadaptées parce qu'elles n'accueillent pas les familles, pas les couples ou les personnes avec des chiens par exemple... Nous faisons aussi face à un non recours au 115 très important et pour répondre à ça il faut améliorer nos réponses", conclut-il en appelant, après les résultats de cette enquête, à "un renforcement des politiques publiques".
Tout au long de la nuit, les bénévoles qui portaient un brassard phosphorescent siglé "nuit de la solidarité" ont arpenté les rues de Paris avec un plan détaillé du quartier dans lequel ils se trouvaient et un questionnaire précis destiné aux sans-abri. A chaque rue, les bénévoles comptaient les personnes sans domicile fixe qu'elles voyaient en faisant attention à ne pas noter deux fois les mêmes personnes. Les feuilles seront ensuite décortiquées par la mairie de Paris.