La fondation Abbé Pierre a présenté lundi un plan décomposé en six mesures pour "en finir avec la vie à la rue", adressé aux candidats à la présidentielle, alors que la trêve hivernale vient de se terminer.
143.000 sans-abri, dont 30.000 mineurs. "En France, il est possible de mettre fin au scandale des personnes sans domicile, en moins de cinq ans dans les villes petites et moyennes, et moins de dix ans dans les métropoles", affirme la fondation dans un communiqué. Rappelant qu'il y a aujourd'hui 143.000 sans-abri, dont 30.000 mineurs, un chiffre qui a augmenté de 50% entre 2001 et 2012, la fondation demande aux candidats à la présidentielle de "s'engager aux côtés de la société civile pour en finir avec un scandale national".
Six "leviers" doivent être "actionnés simultanément". Selon elle, il faut agir "dès les premières semaines du prochain quinquennat", car "une telle ambition nécessite des investissements aujourd'hui pour faire des économies demain sur les nombreux coûts économiques et sociaux du mal-logement". Pour ce faire, six "leviers" doivent être "actionnés simultanément et durablement" : l'accès direct au logement privilégié, des attributions HLM transparentes, la construction de 150.000 logements sociaux par an, la mobilisation du parc privé, la prévention des expulsions et l'accueil solidaire des migrants.
Plutôt que les places d'hébergement d'urgence ou d'hôtels, "inadaptés et coûteux", la fondation suggère de favoriser l'accès au logement pérenne avec un vrai bail. "Les ménages à très bas revenus ont moins de chances que les autres candidats d'accéder au parc social", relève-t-elle. Il faut "établir des systèmes objectifs" avec "des critères partagés et transparents, en prévoyant des baisses de loyer si nécessaire et en augmentant l'aide au paiement des charges".
150.000 logements sociaux par an. Il est "impératif" d'augmenter la production de logements sociaux, à hauteur de 150.000 par an, poursuit la fondation. Des logements qui doivent "sortir à des niveaux de loyers accessibles, sous les plafonds pris en charge par les APL" (Aides personnalisées au logement). La fondation suggère également de proposer des conditions avantageuses au parc privé (aides simplifiées, travaux de remise en état, indemnisation des baisses de loyers consenties, etc.), afin de capter chaque année 40.000 logements.
Pour les personnes migrantes, la fondation voudrait notamment voir créées davantage de places en Centre d'accueil pour demandeurs d'asile (Cada). Enfin, elle estime qu'aux expulsions locatives, il faut préférer "le maintien dans les lieux ou le relogement des ménages en difficulté", en indemnisant les bailleurs en cas d'impayés et en finir avec la "politique d'expulsion sans solution des squats et bidonvilles".