Ils sont ceux par qui le scandale est arrivé : deux Néerlandais de 24 et 31 ans comparaissent mardi à huis clos dans l'affaire des oeufs contaminés. Ils dirigent ChickFriend, la société accusée d'avoir répandu l'usage du fipronil dans le secteur avicole, un milieu qu'ils connaissent bien. L'un d'eux a souvent donné des coups de main dans des élevages, tandis que l'autre est diplômé de l'école agronome locale. Il n'aura fallu que trois ans aux deux amis pour s'imposer auprès des éleveurs néerlandais avec le Dega 16, un produit présenté comme 100% naturel et dans lequel ils avaient en fait sciemment glissé du fipronil. Ce produit permet d'éliminer les poux rouges, cauchemar des éleveurs de poules.
Huit mois d'efficacité contre trois. Pour vendre et diffuser leur produit, les deux hommes d'affaires ont mis en avant un argument de vente imparable : leur produit, contenant en fait du fipronil, est efficace huit mois, contre trois mois pour les solutions traditionnelles. "Quand vous êtes éleveurs, si on vient vous vendre un produit qui doit tenir huit mois, même s'il ne tient que quatre, il y a un intérêt car traditionnellement il faut faire un traitement tous les deux mois", explique Loïc Coulombel, du Syndicat National des Professionnels de l'Œuf (SNPO).
"Malfaiteurs". Les deux fondateurs de ChickFriend se retrouvent sous le coup enquête pénale et pourraient devoir dédommager des centaines d'éleveurs. La facture pourrait se chiffrer en millions d'euros. Mais selon Loïc Coulombel, les dommages seront bien plus lourds que les éventuelles réparations : "Les premières victimes de ce scandale sont les éleveurs, et c'est toute la filière œuf qui prend un coup au niveau de son image à cause de ces malfaiteurs"