C’est le vignoble le plus prestigieux de France et le plus connu dans le monde, mais le Bordeaux traverse pourtant une crise profonde. La mécanique est simple : la chute de l’export vers la Chine, les taxes américaines, la baisse de consommation de vin en France, le "Bordeaux bashing"… Dans beaucoup de propriétés, les chais sont pleins et les trésoreries à sec. Seule solution : l’arrachage pour faire baisser le rendement. Pour le faire, un millier de vignerons était dans les rues de Bordeaux mercredi pour réclamer des aides financières publiques.
"On demande une juste rétribution"
Derrière les grands crus prestigieux, il y a beaucoup de "petits", directement frappés par l'effondrement des prix ainsi que les autres effets de cette surproduction évaluée à 1 million d'hectolitres. En première ligne, les vins vendus en vrac. Denis est un vigneron girondin qui ne voit pas d'autre solution que d'arracher des vignes dans sa propriété. "J'ai des stocks qui augmentent, je ne pourrais pas loger une récolte supplémentaire. Il faudrait que je arrache de 10 à 20 % de mon vignoble."
Le collectif Viti33 demande une prime de 10.000 euros par hectare de vignes arraché, et estime qu'au moins 15.000 hectares doivent être défrichés. "Tous les petits viticulteurs de l'appellation de base de Bordeaux/Bordeaux générique, on est en train de crever", explique Didier Couzinet, président du collectif. "Quand on a aidé Peugeot et Renault, personne n'a rien dit. Quand on a aidé Airbus, personne à rien dit. Quand on a redressé les banques, tous les Français ont mis l'argent à la poche et personne n'a rien dit", énumère-t-il. "Rien que la viticulture bordelaise rapporte 400 millions d'euros de TVA tous les ans à l'État. On demande une juste rétribution de tout ce qu'on a donné."
Mercredi, lors de la manifestation des viticulteurs, la préfecture de Gironde a annoncé l'ouverture d'une cellule de crise pour étudier les aides possibles.