Alors que plusieurs dizaines de milliers de personnes s’apprêtent à manifester à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes dimanche, Céline Piques, porte-parole d'Osez le féminisme, revient au micro d'Europe 1 sur la place dans la société du mouvement contre les violences faites aux femmes. "On est en train de vivre l’étape numéro 2 de la révolution féministe qu’est MeToo", commence-t-elle.
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"Je pense qu’il y a une effervescence dans le mouvement féministe qui est extrêmement forte et on l’a vu la semaine dernière devant la salle Pleyel où nous étions plus de 600 femmes et hommes à manifester contre l’impunité des violences faites contre les femmes". En effet, plusieurs centaines de personnes étaient présentes pour protester contre la nomination aux César de Roman Polanski, ciblé par une dizaine d'accusations de viol.
"La violence, elle est du côté des violeurs"
"On a aujourd'hui des exigences. On en a marre d’attendre et je pense qu’il y aura du monde dans toute la France aujourd'hui", poursuit la porte-parole d'Osez le féminisme, qui sera présente dans la manifestation parisienne au départ de la Place d'Italie.
Interrogée sur le fossé qui se creuse sur la question du féminisme entre d'un côté les "hommes blancs de plus de 60 ans" et de l'autre les "extrémistes", Céline Piques tien à moduler ce dernier terme. "Le féminisme n’a jamais tué personne, alors le machisme tue tous les jours. La violence, elle est du côté des violeurs", rappelle-t-elle. "Nous, on manifeste et on est en colère face à l'inaction du gouvernement car on nous avait promis 'la grande cause du quinquennat' et aujourd'hui on est très déçus par ce que fait Marlène Schiappa", poursuit Céline Piques, qui demande notamment qu'en dessous d'un certain âge, toute pénétration sexuelle soit considéré comme un viol.
"Le statu-quo n'est plus possible"
Plus spécifiquement sur la question de l'affrontement, la porte-parole d'Osez le féminisme affirme que dans toutes les luttes féministes, "il y a eu un phénomène de retour de bâton". Céline Piques prend l'exemple des suffragettes "qui ont affronté pendant des décennies des sénateurs qui refusaient de leur donner le droit de vote". "Pour l'IVG, ça a été la même chose. À partir du moment où les féministes avancent de trois pas, on peut en reculer de deux face à une réaction qui veut défendre le statu quo".
Or, selon Céline Piques, ce statu quo "n'est plus possible". "Aujourd'hui, on a une libération de la parole des femmes qui part des agressions sexuelles et on essaye de faire comprendre simplement à la population que le viol est un crime", résume-t-elle.