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Charles Luylier (correspondant dans les Pyrénées-Orientales) / Crédits photo : Jc Milhet / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Depuis ce mardi, plus aucun camion ne peut entrer en France via le péage du Boulou, point stratégique de l'A9 dans les Pyrénées-Orientales, à la frontière espagnole. En cause : le blocage de la Coordination rurale, syndicat des agriculteurs emblématique de la mobilisation. Et pour exprimer leur colère, ils comptent y rester le plus longtemps possible.
REPORTAGE

Un cap est en passe d'être franchi dans l'expression de la colère agricole. La coordination rurale, réputée moins conciliante que la FNSEA, avait promis de durcir le mouvement. Elle met sa menace à exécution. Objectif :  priver le sud-ouest de nourriture en coupant ses voies d'approvisionnement. Première opération menée depuis mardi soir à la frontière franco-espagnole. Plus un camion ne passe.

"On va appeler les collègues pour leur dire 'On a fait le premier boulot et maintenant : relai, relai, relai ! On est là pour tenir longtemps !", lance à ses troupes le responsable local de la Coordination rural sur le péage du Boulou.

Bloquer l'approvisionnement

Au milieu des tracteurs et des camionnettes garés devant le péage, un véritable village a pris place. Avec de la nourriture en quantité gargantuesque. "On a du café. Il y a du pain. Il y a des chips. Il y a du pâté. Tout ce qu'il faut ! Si on peut tenir une semaine, on tiendra une semaine", prévient une agricultrice au micro d'Europe 1.

Tenir pour peser sur le fret qui transite ici, espère Philippe Maydat, président de la Coordination rurale des Pyrénées-Orientales. "Les camions qui partent aux Pays-Bas, qui partent en Allemagne, ils sont là. Vu le nombre de tonnes qui passent ici, c'est non seulement affamer la France, mais peut être bien l'Europe aussi. C'est le secteur principal des transports et notamment des transports de fruits et légumes", détaille-t-il.

"Chaque heure que nous tiendrons en plus à partir de maintenant aura un effet. On voudrait qu'il se passe vraiment quelque chose au niveau des centrales d'approvisionnement des supermarchés", conclut-il. En attendant les centrales d'achat, la Coordination rurale prévoit de bloquer dès le milieu de matinée une autre partie de la frontière espagnole à Saint-Béat, en Haute-Garonne, axe également très stratégique.

"On nous sort comme des chiens"

Les membres de la Coordination rurale sont d'ailleurs toujours postés devant la préfecture d'Agen. Leur tentative d'occupation des locaux pour obtenir des engagements écrits de la ministre de l'Agriculture a tourné court. Ils ont été évacués par les forces de l'ordre ce mardi soir, sans obtenir la moindre réponse. Leurs délégués syndicaux ont laissé éclater leur exaspération. 

"On en a ras-le-cul de se battre ! Ce soir, on espérait que Madame Genevard s'engage sur un écrit en disant 'Oui, je vais regarder, oui, je vais appliquer la même réglementation, oui, je vais faire quelque chose pour les agriculteurs. Mais non, on a été sortis comme des malpropres", s'agace, furieux, José Pérez, co-responsable.

"On ne voulait pas sortir ! On nous a sortis et c'est la réponse que le gouvernement a pour le monde agricole ? On nous sort comme des chiens, c'est une honte !", peste-t-il. Sur le réseau social X, Annie Genevard est venue tempérer : "Je comprends les inquiétudes, mais je ne tolère pas les atteintes aux biens et aux personnes", a-t-elle déclaré en substance.