Le défilé parisien contre le racisme et les violences policières, à l'appel de la Ligue des droits de l'Homme et du collectif Adama Traoré, s'est finalement transformé en un rassemblement statique. Plusieurs milliers de personnes sont toujours bloquées place de la République, en début de soirée, samedi, les forces de l'ordre empêchant tout départ vers l'Opéra, lieu d'arrivée prévu du cortège. Selon les autorités, 15.000 personnes ont participé à cette mobilisation dans la capitale.
"On ne rentrera pas chez nous comme ça"
D'après les membres du collectif Adama Traoré, le préfet Didier Lallement a pourtant finalement autorisé cette manifestation à la mi-journée - la Préfecture de police de Paris avait rappelé que les rassemblements de plus de dix personnes étaient interdits en raison de la crise sanitaire, vendredi. Sur la place, Assa Traoré, sœur de l'homme de 24 ans mort en juillet 2016 après son interpellation par les forces de l'ordre, a dénoncé ce défilé empêché.
"Vous avez répondu à l'appel, à l'appel du peuple", a-t-elle adressé aux manifestants présents en début d'après-midi, micro à la main et dos tourné aux gendarmes. "Aujourd'hui la police vous bloque mais le pouvoir, c'est nous qui l'avons. On est sortis dans la rue, vous avez répondu présent, pour la vérité et pour la dignité de l'être humain, pour la justice pour Adama, pour la justice pour toutes les victimes. On ne rentrera pas chez nous comme ça."
"On veut changer cette société"
Au début du rassemblement, une énorme banderole déployée par des militants du groupuscule d'extrême-droite Génération identitaire sur les toits de la République a suscité des huées et quelques échanges de coups. En fin d'après-midi, quelques tensions ont éclaté sur la place, avec des tirs de gaz lacrymogène. Mais il en fallait plus pour décourager les manifestants rencontrés par Europe 1, comme Léa et Tanya, venues dénoncer les violences policières.
"On est venues dire stop, on veut changer cette société, on veut que ça évolue", témoignent-elles. "Aujourd'hui on est en 2020, et ce n'est pas normal qu'il y ait encore des personnes tuées par la police à cause de leur couleur de peau. Ce n'est pas qu'aux Etats-Unis, c'est en France, c'est partout pareil, et il faut que ça cesse." Comme elles, la plupart des personnes présentes décrivaient un mouvement pas prêt de s’essouffler.