Cinq jours après les orages meurtriers qui ont balayé l’île de beauté, le conseil exécutif de Corse alerte sur "les indispensables leçons à tirer" de la violente tempête qui a fait cinq morts, une vingtaine de blessés et d’importants dégâts matériels. On aurait pu mieux anticiper l'arrivée de cet orage d'une violence exceptionnelle, avec des rafales mesurées à plus de 200 km/h, peut-on lire dans un communiqué du conseil exécutif qui préconise l’installation de "bouées de mesures" au large de l’île pour anticiper des épisodes extrêmes.
Des dégâts matériels importants
Entre Ajaccio et Calvi, sur la côte ouest de l'île, les dégâts de la tempête sont encore visibles, notamment sur la plage du Liamone où des débris de bateaux sont entassés. Un peu plus loin, à l'entrée de Cargèse, les techniciens d'Enedis, venus en renfort des agents EDF, s'activent pour remettre le courant. "On voit qu'on a été utile, on est en train de rétablir un dernier tronçon, on a travaillé tout le week-end", explique l'un d'eux.
Quasiment tous les abonnés ont été reconnectés au réseau. Odette, qui habite Cargèse, est soulagée. "Deux jours et demi sans électricité, sans téléphone, sans Internet, 24h sans eau, ça a été très difficile", raconte-t-elle.
À la sortie du village, tronçonneuse à la main, Jérôme coupe les quelques arbres et branches qui risquent encore de tomber. "J'en profite pour nettoyer et je vais donner à manger aux vaches avec toutes les feuilles. Dans certains endroits, il y a beaucoup d'arbres qui sont tombés."
Des dizaines de bateaux ont échoué sur les côtes et en Balagne, les vents ont fait tomber des dizaines de pins gigantesques. Antoni Santini est le gérant du camping Dolce Vita à Calvi où une jeune Italienne a été grièvement blessée. "On a des dégâts matériels qui sont assez importants, enfin, le pire reste le corporel. Pour moi, nous avions fait tous les efforts, nous avons élagué plusieurs centaines d'arbres, mais ce ne sont pas des branches qui sont tombées, ce sont les arbres entiers", avance-t-il.
"Une peur qui ne me quittera sans doute plus"
Pour Anthony Santini, cette tempête est un traumatisme. "Ce traumatisme génère aujourd'hui une peur qui ne me quittera sans doute plus. Il y a des troncs de plus d'un mètre de diamètre qui sont tombés, des arbres qui font une trentaine de mètres. On ne peut pas lutter contre des vents à 200 km/h, à moins de pouvoir construire des abris comme j'ai pu le demander à Monsieur Darmanin."
Sauf que pour pouvoir construire un abri, il faut demander un permis de construire et dans le cas de ce gérant de camping, le permis n'est pas accordé. "Nous sommes un site inscrit, un espace boisé classé, aujourd'hui les règles d'urbanisme ne nous permettent pas de construire un abri", explique Anthony Santini.
Le camping fermé jusqu'à la fin de la semaine
"Il faut bien avoir conscience qu'un camping comme celui-ci, à partir du moment où l'alerte est lancée, il faut plusieurs heures pour l'évacuer en bon ordre. Lorsqu'on n'a pas d'alerte comme cette fois-ci, ou si à l'avenir, des alertes doivent intervenir dans un délai très bref, il n'y a aucune autre solution que de mettre les gens à l'abri dans du dur." Pour des raisons de sécurité, le camping restera fermé au moins jusqu'à la fin de la semaine.