La ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal a décidé, comme elle l'avait laissé entendre à la rentrée, de rendre anonyme dès cette année les dossiers des candidats s'inscrivant sur Parcoursup, mais leur lycée d'origine restera connu.
Le gouvernement veut rassurer les jeunes des quartiers moins favorisés. Après plusieurs réunions sur ce sujet avec la ministre, les responsables des formations présentes sur la plateforme d'admission post-bac sont tombés d'accord, selon un communiqué du ministère : le nom, le prénom, l'adresse du domicile et l'âge du candidat seront anonymisés sur Parcoursup, "dès lors que ces données ne sont pas nécessaires à un examen éclairé du dossier du candidat". Ainsi les données ne seront pas anonymisées dans le cas où la formation dispose d'un internat, prévoit des entretiens ou un concours, ou recrute par la voie de l'apprentissage, est-il précisé.
Cette décision vise notamment à répondre aux inquiétudes de jeunes issus de quartiers moins favorisés. Parcoursup a en effet essuyé de vives critiques sur son manque de transparence et a été soupçonné d'alimenter des discriminations, notamment dans l'accès des lycéens de banlieue à l'université.
Les prépas étaient hostiles à l'anonymisation des lycées d'origine. En revanche, le genre et le lycée d'origine resteront visibles. Or, de nombreux détracteurs de Parcoursup demandaient justement l'anonymisation des lycées des candidats, soupçonnant les universités de notamment s'appuyer sur les lycées d'origine pour classer les dossiers, avec une pondération des notes en fonction des établissements. Les prépas et grandes écoles post-bac étaient hostiles à une telle anonymisation qui compliquerait leur travail de sélection et les empêcherait de garantir la diversité dans leurs classes, selon elles.
Récemment, le Défenseur des droits Jacques Toubon a recommandé de rendre publics les critères précis (comme le lycée d'origine) à partir desquels les universités choisissent les bacheliers et les étudiants en réorientation dans chacune de leurs formations. Le tribunal administratif de la Guadeloupe vient aussi d'enjoindre l'université des Antilles de publier les algorithmes locaux utilisés par l'établissement sur Parcoursup pour classer les candidats à ses licences, première victoire remportée par le syndicat étudiant Unef, opposé à la plateforme.