Des milliers de manifestants contre les violences policières, au moins 20.000 selon la préfecture de police, se sont rassemblés mardi soir devant le tribunal à Paris, à l'appel du comité de soutien à la famille d'Adama Traoré. Ce jeune homme noir de 24 ans est mort en 2016 après son interpellation, événement qui avait déclenché une vague de protestation contre les violences policières.
La foule, massive, a envahi en début de soirée les abords et le parvis le palais de justice de Paris, au nord de la capitale. Alors que la mort de George Floyd après son interpellation a entraîné des manifestations qui secouent les États-Unis, ce rassemblement interdit par la police a vu les manifestants arborer de nombreux slogans comme "Pas de justice, pas de paix", "Black Lives Matter" ou "I can't breathe" ("Je ne peux pas respirer").
"La violence, oui, j'y ai goûté"
La situation outre-Atlantique a mis en lumière, en France, les revendications des opposants aux violences policières commises spécifiquement contre les personnes noires ou arabes. "Malheureusement, ce qui se passe aux États-Unis, nous aussi on y a droit ici. Il n'y a pas besoin de traverser l'Atlantique pour le voir", explique Boubacar.
" Ils m'ont écrasé au sol, ils m'ont étranglé avec leur genou, je perdais mon souffle… "
Ce manifestant venu de Gennevilliers raconte avoir été victime d'"une interpellation extrêmement violente par la police de Clichy" en juin 2019 : "Ils m'ont écrasé au sol, ils m'ont étranglé avec leur genou, je perdais mon souffle… Je les avais appelés pour signaler une disparition, une mère avait perdu sa fille. La violence, oui, j'y ai goûté."
En début de soirée, le verdict d'une nouvelle expertise médicale réalisée à la demande de la famille d'Adama Traoré est tombé : cette expertise pointe la responsabilité des gendarmes dans la mort du jeune homme en juillet 2016, à Beaumont-sur-Oise. La semaine dernière, une ultime expertise officielle avait rendu des conclusions opposées.
Adèle Haenel, Abd al Malik…
Des familles de victimes de violences ont pris la parole, soutenues dans la foule par des figures du monde de la musique et du spectacle : Adèle Haenel, Aïssa Maïga, Abd al Malik… "Ce qui se joue ici, c'est l'avenir de notre pays, c'est l'avenir de la France. Merci d'être là, et un grand soutien à toutes les familles des victimes", a lancé le rappeur parisien.
Adèle #Haenel arrive au rassemblement organisé par le collectif Adama #Traore au tribunal de Paris.@Europe1pic.twitter.com/ciLBnjTCAm
— Théo Maneval (@TheoManeval) June 2, 2020
Après une manifestation qui s'est déroulée dans le calme, des heurts ont éclaté, avec des abribus brisés et des poubelles incendiées. Le périphérique parisien a été envahi par une partie des manifestants, et les forces de l'ordre étaient en train de répliquer, peu avant 22 heures, avec des gaz lacrymogènes.