"Je fais cours porte ouverte, un élève passe dans le couloir & crie 'Madame M sale pute !'". Les témoignages de professeurs sur leurs conditions de travail se multiplient sur les réseaux sociaux depuis l'agression de l'une d'entre elles à Créteil, dans le Val-de-Marne, jeudi dernier.
Une agression qui a déclenché de nombreux témoignages. Dans une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux ce week-end, on voit un lycéen pointer une arme (factice) sur sa professeure en pleine classe pour qu'elle le note présent à son cours. La séquence a suscité une indignation générale. L'auteur de cette agression a été mis en examen dimanche et le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé lundi dans Le Parisien une série de mesures pour "rétablir l'ordre".
Les enseignants dénoncent en masse une absence de soutien de leur hiérarchie. En réaction à l'apparente passivité de la professeure, d'autres enseignants témoignent de leurs difficiles conditions de travail à travers le hashtag #PasDeVague. Ils dénoncent à la fois les comportements inacceptables de leurs élèves et l'absence de soutien de la part de leur hiérarchie, qui serait souvent peu encline à monter au front face aux élèves. Une volonté de ne pas faire de vague qui se serait répandue à grande échelle, à en croire ces enseignants.
On m'a crache dessus et on m'a menacé de me "castagner A la sortie". Punition : aucune. Je porte plainte. CDE: "bon j'ai posé 3 jours d'exclusion, mais vous êtes dans le répressif, pas dans l'éducatif..." #pasdevague
— profdevieuxmots (@TeamLatinBlanqu) 21 octobre 2018
Je fais cours porte ouverte, un élève passe dans le couloir & crie "Madame M sale pute !"
— DonaSol (@Dona_Sol) 21 octobre 2018
Première réaction de la Principale "Vous avez peut-être mal entendu car ce n'est pas sa version des faits"
Heureusement que j'avais une douzaine de 6e comme temoins#Pasdevague@jmblanquer
Une élève m’insulte et me menace. Je fais un rapport à la principale. Elle me convoque pour une confrontation (sic) avec l’élève. Elle commence : « Alors Mme Lapnyx, cette élève se plaint que vous ne l’aimez pas... » Bref, c’était à moi de me justifier !!! #PasdeVaguehttps://t.co/2oX0h4GdOy
— Lapnyx (@lapnyx) 21 octobre 2018
Moi j'ai été traitée de pute et de raciste. Mais la principale m'a seulement demandé si j'avais déjà eu des soucis dans d'autres collèges et qu'il fallait que j'apprenne à gérer ce genre de chose.
— Jude Citron (@prof_2_maths) 21 octobre 2018
Ma collègue insultée de "sale pute" par un élève et qui demande une sanction auprès du principal, réponse de ce dernier : "Oh ! Vous êtes susceptible aussi !" #PasDeVague
— Nico (@nicornichette) 21 octobre 2018
#PasdeVague me fait penser à cette collègue qui s’est fait insulter et menacer de viol sur internet et sur les murs du collège par des élèves. Elle a porté plainte et s’est fait accompagner de collègues, ms pas de la Direction qui a préféré écrire un rapport à charge contre elle.
— Vie De Prof (@Letenco) 22 octobre 2018
Un terme utilisé près de 23.000 fois en moins de 24 heures. Le hashtag #PasDeVague a été utilisé près de 23.000 fois entre dimanche 18 heures et lundi 11h30 par 6.600 internautes selon les chiffres transmis à Europe 1 par Visibrain, plateforme de veille des réseaux sociaux. Ce terme a été lancé à la suite du témoignage d'un enseignant qui commentait la déclaration d'Emmanuel Macron à propos de l'agression de la professeure à Créteil.
Lâcheté de l'administration. #PasDeVaguehttps://t.co/2lVoCZzfja
— Art Vandelay (@SackLunch5) 21 octobre 2018
"On n'est pas dans la logique du pas de vagues", assure le ministre de l'Éducation nationale. Interrogé lundi sur l'agression qui s'est déroulée à Créteil, Jean-Michel Blanquer a répondu qu'il fallait "réglementer assez fortement l'usage du téléphone portable" dans les établissements scolaires sur Franceinfo. Il a également assuré qu'"on ne met pas les problèmes sous le tapis. On n'est pas dans la logique du pas de vagues, au contraire. À chaque fois qu'il y a un fait, petit, moyen ou grand, il doit être sanctionné de façon proportionnée. Ça peut aller jusqu'à l'exclusion quand c'est nécessaire et il peut avoir des suites pénales. Nous ne sommes pas du tout dans une logique de laxisme", a-t-il insisté.