Messe, vêpres et jeûne pour les victimes de pédophilie : réunis à Lourdes, les évêques de France demandent pardon lundi pour leur "silence souvent coupable" face aux abus sexuels dans l'Église catholique. Cette journée revêt une dimension particulière en France, dont l'Église est touchée depuis plusieurs mois par des révélations en chaîne d'affaires de pédophilie impliquant des prêtres.
Annoncé en septembre par le Vatican. Le principe de ce "temps de prière et de pénitence" avait été annoncé en septembre par le Vatican, à l'initiative du pape François, qui a laissé à chaque conférence épiscopale le choix de la date et des modalités. Les 115 évêques en activité présents à Lourdes profitent de leur grande assemblée annuelle d'automne pour vivre cette initiative collective inédite, marquée par un jeûne.
Le programme de la journée. "Après avoir écouté ces derniers mois, pour un certain nombre, des victimes à plusieurs reprises", les évêques ont jugé important de pouvoir prendre "ensemble ce temps de prière", a souligné sur la chaîne de télévision KTO leur porte-parole, Mgr Olivier Ribadeau Dumas. "Au cours de la messe, ils demanderont pardon, pardon pour leurs propres péchés, pardon pour leur silence - parfois coupable et souvent coupable -, pour ne pas avoir permis que la vérité éclate toujours", a ajouté le prélat. L'homélie de cette messe de fin de matinée sera dite par Mgr Luc Crepy, responsable de la Cellule permanente de lutte contre la pédophilie (CPLP), une instance aux moyens renforcés depuis le printemps dernier. En fin d'après-midi, l'évêque du Puy-en-Velay fera un point d'étape sur les mesures engagées ces derniers mois, avec notamment la mise en oeuvre de dispositifs d'accueil et d'écoute des victimes couvrant désormais tout le territoire français. En fin d'après-midi, les vêpres seront "solennisées" pour l'occasion. "Une parole de victime qui dit sa souffrance, sa douleur, son ressentiment" y sera entendue par les évêques, à huis clos, a précisé Mgr Crepy.
Scepticisme d'une association. L'association La Parole libérée, à l'origine de l'affaire lyonnaise, reste perplexe. "Le temps de prière de lundi, les cellules d'écoute sont potentiellement une bonne chose, mais s'il n'y pas de volonté de l'Église derrière, c'est insuffisant", estime son président, François Devaux.