Le pape François réunit à partir de jeudi au Vatican l'ensemble de la hiérarchie épiscopale pour une conférence consacrée à la défense des mineurs dans l'Eglise catholique. Une manière pour le Saint-Siège de placer ses membres les plus éminents face aux scandales de pédophilie. Il faut dire que les révélations se sont multipliées ces derniers mois, et notamment en France, où l'affaire du père Preynat a été remise sur le devant de la scène par le procès du cardinal Barbarin et la sortie mercredi du film polémique de François Ozon (Grâce à Dieu) sur ce drame.
"Je crois qu'il y une concomitance qui permet d'arriver à une certaine prise de conscience qui, je l'espère, va amener une réflexion globale sur la problématique des abus, au sens large, et dont la pédophilie est une tête d'épingle", a réagi au micro de Wendy Bouchard, dans Le Tour de la question sur Europe 1, François Devaux, co-fondateur de l’association La parole libérée, créée à Lyon en 2015 par des victimes présumées du père Preynat.
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Traiter avec efficacité "ces questions-là". "Je vous invite à prier pour ce rendez-vous, que j'ai voulu comme un acte de forte responsabilité pastorale devant un défi urgent de notre époque", a expliqué dimanche le pape à l'occasion de la prière de l'angélus. La réunion élaborera "des protocoles" car "parfois les évêques ne savent pas quoi faire", a encore précisé l'occupant du trône de Saint-Pierre. "L'une des propositions qui sera portée par monseigneur Pothier, le président de la Conférence des évêques de France, est de mettre en place un niveau intermédiaire entre le diocèse et le Vatican pour juger plus rapidement, et peut-être de façon plus experte, ces questions-là", révèle, également au micro d'Europe 1, Vincent Neymon, le porte-parole de la Conférence des évêques de France.
Rendre systématique les signalements à la justice civile. Cette proposition se veut une réponse aux accusations portées contre le cardinal Barbarin, qui se voit reproché de ne pas avoir signalé à la justice les faits de pédophilie dont il avait eu vent, mais qui assure toutefois les avoir portés à la connaissance du Saint-Siège. Cet échelon pourrait prendre la forme d'"une sorte de tribunal ecclésiastique pénal au plan national pour, de fait, avoir des compétences que l'on n'a pas forcément dans nos officialités", précise encore Vincent Neymon. "L'obligation de faire le signalement à la justice civile est évidente et est faite", assure-t-il. "Là-dessus, je pense que l'on commence à être à peu après dans les clous", ajoute-t-il.
Une réforme des hiérarchies. Mais pour François Devaux, la mise en place de nouvelles structures ne doit pas suppléer à une réforme interne de l'Eglise. "Il y a des mesures universelles à mettre en place au sein du Vatican, et puis des mesures locales", explique-t-il. "Nous, en France, on a cette particularité : l'Eglise de France considère que l'évêque n'est pas employeur du prêtre […] C'est typiquement quelque chose qui seraient à repenser et à soulever devant un tribunal", s'agace-t-il. Il rappelle d'ailleurs que sur ce point, la jurisprudence anglaise considère que le prêtre catholique entretient une relation de salarié avec l'évêque, "et donc que l'évêque est responsable de son prêtre".