Membres recrutés, missions et moyens financiers définis : la commission chargée par l'épiscopat d'enquêter sur les abus sexuels sur mineurs dans l'Église depuis les années 1950 est sur pied et sera "opérationnelle" d'ici trois mois, affirme son président Jean-Marc Sauvé.
La création de cette instance, qui devra conclure ses travaux d'ici deux ans, avait été votée en novembre par la Conférence des évêques (CEF). Elle a été décidée après trois années marquées par la révélation de plusieurs scandales, après la lettre du Pape François l'été dernier appelant à lutter contre les "abus" et après un appel lancé par Témoignage chrétien de créer une commission d'enquête parlementaire.
Une commission "pluridisciplinaire"
L'ancien vice-président du Conseil d'État Jean-Marc Sauvé a accepté d'en prendre la tête. Après plusieurs semaines de consultation, cette "commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église" (CIASE) est sur pied et "comprend 22 membres - 10 femmes et 12 hommes" qui se réuniront pour la première fois vendredi, détaille Jean-Marc Sauvé.
Des profils variés. Compétences juridiques, médicales, psychologiques et psychiatriques, secteur social et éducatif, protection de l'enfance, histoire et sciences sociales, théologie... La commission se veut "pluridisciplinaire et réunit des personnes toutes légitimes et reconnues dans leur champ", ajoute-t-il.
Des confessions différentes. "J'ai travaillé sans conseil ni directive de la CEF (...), il n'y a eu aucune interférence", précise Jean-Marc Sauvé. Sa commission comprend "des croyants de différentes confessions et des non-croyants, athées ou agnostiques", mais "aucun prêtre ni religieux d'aucun culte" et "pas non plus de personnalités impliquées", donc pas de victimes. Les 22 membres de la commission y siégeront à titre gratuit.
Écouter les victimes avant tout
Sa mission, fixée par les évêques : "Faire la lumière sur les abus sexuels commis au sein de l'Église catholique sur des mineurs et des personnes vulnérables depuis 1950" ; mais aussi "examiner comment ces affaires ont été traitées par l'Église", "analyser les raisons de ces abus et de ces traitements" et "faire toute préconisation utile après avoir évalué les mesures prises depuis le début des années 2000".
Prêter une oreille attentive aux victimes. "Cette commission est là d'abord pour écouter et entendre les victimes. Pour les recenser, reconnaître leurs souffrances et en tirer toutes les conséquences. L'écoute de ces victimes va occuper une place très importante", précise Jean-Marc Sauvé, qui n'entend pas pour autant établir de responsabilités personnelles.
Des méthodes encore à définir. Cette nouvelle instance doit encore fixer "souverainement, ses méthodes de travail et son programme", dit-il, précisant qu'il faudra encore trois mois pour qu'elle soit opérationnelle, notamment pour pouvoir recueillir des témoignages. La commission sait d'ores et déjà qu'elle aura accès aux archives des diocèses et des institutions religieuses, et qu'elle consultera d'autres sources, comme la presse.
Une mission au Sénat. Parallèlement, au Sénat, une mission d'information, travaille depuis plusieurs semaines sur les "infractions sexuelles" commises par des personnes en contact avec des mineurs dans l'exercice de leurs fonctions, dans tous les secteurs (éducation, associations sportives, etc).