Déjà reporté une fois, le procès du cardinal Philippe Barbarin, poursuivi par d'anciens scouts lyonnais pour ne pas avoir dénoncé à la justice des agressions pédophiles dans son diocèse, risque un nouveau renvoi, a-t-on appris mardi de sources concordantes. L'archevêque de Lyon devait initialement comparaître devant le tribunal correctionnel de Lyon du 4 au 6 avril, avec six autres personnes mises en cause par les plaignants, dont le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi au Vatican, l'Espagnol Luis Francisco Ladaria Ferrer.
Une citation à comparaître transmise hors délai. Mais l'audience avait alors été reportée à début janvier (du 7 au 9), faute de transmission, dans les délais impartis, de la citation à comparaître de Ladaria Ferrer au Vatican. La traduction - en italien et en espagnol - des nombreuses pièces du dossier avait notamment pris du retard. Et il s'avère aujourd'hui que cette citation n'a toujours pas pu être délivrée dans les temps, au grand regret des plaignants.
Une procédure lancée en 2017. Cette procédure de la citation directe, lancée en 2017 après le classement sans suite de l'enquête ouverte par le parquet en 2016, prévoit une audience dite de consignation - elle sert à fixer la somme dont les plaignants doivent s'acquitter pour couvrir une éventuelle amende, si le tribunal juge in fine leur procédure abusive. La date de cette audience avait été fixée au 3 septembre. La loi prévoit que la citation d'un ressortissant vivant hors Union européenne lui soit délivrée au moins deux mois et dix jours auparavant, soit le 23 juin au plus tard pour le prélat du Vatican, calendrier qui n'a pas été tenu.
Un délai trop court pour le parquet. L'association La Parole libérée, à l'origine de la procédure, fait pourtant valoir que les plaignants avaient remis l'ensemble des pièces au parquet de Lyon le 6 juin, ce qui laissait encore 17 jours - trop peu, selon le parquet, compte tenu des délais de transmission du dossier au parquet général, puis à la Chancellerie, et enfin au Quai d'Orsay, chargé de notifier la citation à comparaître au Vatican.
"On va aller jusqu'au bout". "On pensait vraiment être dans les clous. Je ne sais pas où ça coince, au niveau de la Justice ou des Affaires étrangères, mais on n'a pas affaire à des gens très aidants. Mais on va aller au bout, s'il faut la délivrer dix fois cette citation, on le fera", déclare François Devaux, un des fondateurs de l'association. Au final, de nouvelles dates devraient être fixées, le 3 septembre, pour l'audience de consignation et surtout le procès, selon deux avocats des plaignants, Me Yves Sauvayre et Me Nadia Debbache.