L'association La Parole libérée, à l'origine des révélations d'actes pédophiles qui ont secoué l'Église de France depuis 2015, a été pour la première fois reçue officiellement samedi à Paris par deux évêques chargés de ce dossier, a appris l'AFP de sources concordantes.
Trois dirigeants de l'association. Cette association de victimes dans l'affaire du père Bernard Preynat, qui vaut au cardinal-archevêque de Lyon Philippe Barbarin une citation directe en correctionnelle pour non-dénonciation d'agressions sexuelles, était représentée par trois de ses dirigeants, a indiqué à l'AFP son président, François Devaux. Ils ont été reçus pendant 2h30 au siège de la Conférence des évêques de France (CEF) par le responsable de la cellule permanente de lutte contre la pédophilie, Mgr Luc Crepy, et l'un de ses membres, Mgr Jacques Blaquart.
"Gentillesse et empathie". "Pour la première fois, une commission mandatée par la CEF, dans ses locaux, a reçu une association de victimes, a prononcé des mots engageants et donné un espoir très fort", s'est réjoui auprès de l'AFP François Devaux. Les deux évêques "nous ont reçus avec beaucoup de gentillesse et d'empathie. On a un peu réglé le problème de déni qui existait", a estimé cet ancien scout lyonnais figurant parmi les accusateurs du père Preynat. Pour autant, "on ne nous a donné aucun calendrier concret", a-t-il regretté. Mais l'association a noté quelques avancées.
Un "accompagnement financier" des victimes. Parmi les points positifs relevés par La Parole libérée figure la réflexion engagée, au sein de l'épiscopat, sur la "mise en place d'un accompagnement financier" par l'Église des victimes de prêtres. "La question n'est pas taboue", a confirmé à l'AFP Mgr Crepy. La Parole libérée a demandé une "communication externe" et insisté sur le "droit à l'information des victimes" concernant les travaux de la cellule de lutte contre la pédophilie mise en place par la CEF au printemps 2016.
Lever la prescription canonique. L'association a en outre suggéré que la levée de la prescription canonique soit systématiquement demandée à Rome concernant des actes sexuels anciens sur des mineurs ou personnes vulnérables, afin de permettre un procès devant la justice de l'Église. Elle a aussi demandé le dépaysement des éventuels procès canoniques, afin que les évêques ne soient pas "juges et parties" face à des prêtres avec lesquels ils ont une relation "fraternelle". "Nous n'avons pris aucun engagement, nous n'étions pas mandatés pour négocier, mais nous répercuterons les demandes et cette rencontre ne restera pas sans effet", a assuré Mgr Crepy, évoquant un "rendez-vous très positif".