Sauf rebondissement de dernière minute, le sixième jour de grève aura donc été le dernier. Les conducteurs de camions transportant des matières dangereuses qui bloquaient les dépôts de carburant depuis une semaine sont sortis satisfaits de leur réunion au ministère des Transports, mercredi soir. Fabrice Michaud, porte-parole de la fédération CGT des transports, a estimé jeudi matin que "la reprise" du travail dans les dépôts de carburants devrait être "effective" dans la journée. Le temps de réapprovisionner les stations à sec, tout le monde pourra faire son plein sans problème ce week-end.
Encore plus de 500 stations en pénurie totale. Jeudi en milieu de matinée, environ 1.000 stations étaient touchées, principalement en Île-de-France, selon l’application Essence. La Normandie est également concernée, notamment dans les villes de Rouen et du Havre. En tout, 582 stations étaient en pénurie totale et 413 en pénurie partielle. Grâce aux "avancées significatives" obtenues par la CGT auprès du ministère, la levée des barrages devant les dépôts, organisés par une cinquantaine de manifestants, devrait aller vite.
Barrages levés. Du côté de Total, on assure que tous les dépôts étaient accessibles jeudi tôt le matin, les barrages filtrants ayant été levés. Pour fluidifier l’approvisionnement, un maximum de camion ont été envoyés vers les dépôts de Coignères, dans les Yvelines, et de Grandpuits, en Seine-et-Marne. "Sauf retournement de situation, cela rentre à la normale et on va monter en puissance avec l’arrivée progressive des camions", affirme-t-on chez Total. Toutefois, il y a un risque d'embouteillage dans les dépôts à cause du flux continu des camions de ravitaillement.
Un camion suffit à alimenter une station. Cela devrait donc prendre un peu de temps pour réapprovisionner toutes les stations-service. Le nombre de camions-citernes étant limité, le renouvellement des stocks va demander un grand nombre de rotations. Priorité est donnée aux stations complètement à sec. "Un camion peut faire jusqu’à 38 tonnes soit 36.000 litres de produits. Ils contiennent 50%-60% de gasoil et le reste en sans-plomb. Donc un seul camion peut alimenter une station en un passage", précise Francis Pousse, président de branche nationale des propriétaires-exploitants de stations-service du Conseil national des professionnels de l'automobile (CNPA).
Suivi en continu. L’approvisionnement est optimisé grâce à un dispositif électronique. "Environ 50% des stations-service de région parisienne sont équipées de jauges électroniques sur les cuves de carburant. Elles permettent à l’exploitant de connaître en temps réel l’état du stock de ses stations", explique Francis Pousse. "Quand le niveau descend trop bas, une alerte est automatiquement envoyée au centre de livraison des différents pétroliers, ce qui permet d’optimiser les livraisons en fonction des cuves les plus basses."
Retour à la normale vendredi soir ? En temps normal, il faut une livraison tous les 1,5 jour (cinq à six passages par semaine) pour faire fonctionner une station parisienne de bonne taille, détaille le CNPA. "Le réapprovisionnement peut être assez rapide, d’autant plus que certains automobilistes ont déjà fait le plein. D’ici vendredi soir, une majorité de stations-service sera réapprovisionnée", espère Francis Pousse.
Vacanciers, mieux vaut faire le plein sur la route. Le week-end de la Pentecôte devrait donc se dérouler sans accroche pour ceux qui voudraient profiter du beau temps. Pour faciliter le retour à la normale, les automobilistes parisiens qui prennent la route ont tout intérêt à ne pas faire le plein avant de partir. A l’exception de la Normandie, en province, les stations sont approvisionnées sans problème. Au lieu de faire la queue à Paris, mieux vaut rouler un peu et aller à la pompe une fois sorti d’Île-de-France.
Ce week-end prolongé pourrait donc paradoxalement faciliter le réapprovisionnement des stations-service parisiennes, d’autant plus que l’effet de panique n’aura plus cours en fin de semaine. Pour l'instant, les conducteurs qui n’ont pas besoin de faire le plein dans l’immédiat continuent de se ruer dans les stations mais ce phénomène devrait s'estomper au fur et à mesure. Par ailleurs des négociations sont en cours pour envisager une extension des horaires d'ouvertures des dépôts de carburants. Une dérogation exceptionnelle, à discrétion du gouvernement, qui a déjà eu lieu par le passé pour permettre des livraisons le week-end.