En 1993, Paul Bocuse déclarait au micro de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1 : "Le Michelin, c'est une chose très importante pour nous, c'est la référence type. Et je crois que c'est sûrement le seul guide qui est impartial." Près de deux ans après la disparition du chef lyonnais, son célèbre restaurant de Collonges-au-Mont-d'Or, près de Lyon, se voit retirer sa troisième étoile au guide Michelin. Une première pour l'établissement qui détenait trois macarons depuis 1965, sans discontinuer. Le chef Marc Veyrat, dont le restaurant La Maison des bois, installé à Manigod en Haute-Savoie, avait lui aussi été déclassé en 2019 un an après avoir obtenu sa troisième étoile, a réagi à cette perte sur Europe 1.
"C'est dramatique, c'est pathétique", s'indigne le chef. Très en colère, il fustige "un manque de compétences" de la part des inspecteurs du Michelin, qui selon lui méconnaissent le terroir et les produits. "Il y a une nouvelle génération qui est arrivée et qui veut faire disparaître la génération Bocuse dont je fais partie". Il dénonce une décision scandaleuse qui n'aurait jamais dû toucher à "une institution", "un patrimoine".
"Tout le monde est menacé"
Et aujourd'hui, "tout le monde est menacé" par une rétrogradation, affirme-t-il. Marc Veyrat dit vouloir se battre aussi "pour les jeunes qui arrivent" et qui ne devraient pas être pénalisés. Il juge que le guide s'est dénaturé. "Ce qui compte avant tout", estime-t-il donc aujourd'hui, "ce sont les étoiles dans les yeux de nos clients, pas celles du Michelin".
Très déçu et remonté contre la décision du Michelin le concernant, il avait de son côté saisi la justice pour comprendre les raisons de la perte de son étoile, mais a été débouté de sa demande par le tribunal le 31 décembre 2019. Il annonce qu'il va "porter plainte dans les huit jours".