Plusieurs dizaines de villes ont décidé, par délibération ou arrêté, de s'opposer à l'équipement de leur municipalité de compteurs électriques Linky. Selon elles, les ondes électromagnétiques émises par ces appareils seraient dangereuses pour la santé. Ces boîtiers intelligents qui mesurent en temps réel la consommation d'électricité et permettraient, selon ERDF, de faire des économies d'énergie, doivent pourtant être généralisés d'ici à 2021. Est-il possible de bloquer le processus ?
"Les compteurs appartiennent aux collectivités". A titre individuel, c'est difficile. "Le compteur n'appartient pas aux consommateurs", rappelle 60 millions de consommateurs. "Vous ne pouvez, en principe, pas vous opposer à son remplacement", même si ERDF se montre pour l'instant conciliant. En revanche, les villes qui refusent les boîtiers jaunes dernière génération estiment être dans leur bon droit. Le conseil municipal de Saint-Macaire, en Gironde, a ainsi rappelé, dans une délibération mercredi, que "les compteurs d'électricité appartiennent aux collectivités et non à ERDF".
Une portée purement symbolique. Néanmoins, les collectivités ont concédé le service public de distribution d'électricité à ERDF ou d'autres structures de distribution d'énergie. "Le vote du conseil municipal peut avoir une portée symbolique, mais il n'a pas de valeur juridique", avertit l'UFC-Que Choisir. L'Association des maires de France ne dit pas autre chose. Le mois dernier, elle a appelé le gouvernement à signifier aux édiles qu'ils n'avaient pas le pouvoir de s'opposer au déploiement du compteur Linky. Ce que l'exécutif a fait dès le 1er avril, via un courrier adressé aux préfectures par la Direction générale des collectivités locales.
ERDF mise sur la pédagogie. Du côté d'ERDF, on mise sur "la sérénité, la pédagogie et le dialogue" pour ne pas envenimer les choses, explique à Europe1.fr Bernard Lassus, directeur du programme Linky. Si Stéphane Lhomme, conseiller municipal de Saint-Macaire et fer de lance des anti-Linky, avance le chiffre de 86 villes récalcitrantes, Bernard Lassus en compte de son côté "une cinquantaine". "Il est compréhensible que les villes se posent des questions", juge-t-il. Chaque fois qu'un arrêté ou une délibération aboutit au rejet des nouveaux compteurs, ERDF "cherche à entrer en contact" avec la municipalité afin de la convaincre. Le réseau a même proposé à certains édiles d'effectuer des mesures sur les compteurs déjà installés afin de les convaincre de leur innocuité. "Des communes annulent déjà leur première décision", assure Bernard Lassus, certain que le temps et l'observation en convaincront d'autres de leur emboîter le pas.