Entre 200 et 300 personnes - salariés, élus et betteraviers - ont manifesté vendredi devant la sucrerie Saint-Louis à Eppeville, dans la Somme, pour protester contre sa fermeture prévue en 2020, ont indiqué des sources concordantes.
"Südzucker nous abandonne", pouvait-on lire sur une banderole accrochée à un tracteur, selon une photo publiée sur le site du Courrier Picard. "Non à la casse de la filière betterave sucre", était-il aussi écrit sur des pancartes devant l'usine. "Nous ne sommes pas résignés, nous sommes prêts à nous battre pour garder nos emplois à Eppeville. On a aussi beaucoup de sous-traitants et il y aura un impact forcément pour eux aussi", a réagi Regis Grost, salarié de l'usine et syndicaliste CGT.
"C'est un non-sens industriel, le sucre connaît une crise indiscutable et on se sert de la crise pour restructurer d'un point de vue financier (...) si à chaque fois qu'on a une baisse on ferme deux ou trois usines, il n'y aura plus d'usines dans quelques années", a regretté Jean-Jacques Fatous, directeur adjoint de la Confédération générale des planteurs de betteraves de la Somme. Selon lui, cette fermeture pourrait toucher entre "500 et 600 emplois" directs, indirects et induits autour de cette sucrerie.
Une réorganisation pour faire face à une baisse des cours du sucre. "C'est un signal négatif envoyé sur la filière sucre qui laisse entendre qu'il n'y aurait pas d'avenir, qu'il n'y aurait pas de place pour une industrie betteravière sur notre territoire", a déploré Marie-Sophie Lesne, vice-présidente des Hauts-de-France en charge de l'agriculture et de l'agro-alimentaire. L'industriel Saint-Louis Sucre, filiale de l'Allemand Südzucker, a annoncé le 14 février la fermeture de deux de ses quatre sucreries en France en 2020 ainsi qu'une vaste réorganisation pour faire face à une baisse des cours du sucre, ce qui se traduirait par 130 suppressions d'emplois.
Trois sites du Calvados, de la Somme et de Marseille sont visés. Ainsi, les sites de Cagny, dans le Calvados, Eppeville, dans la Somme, et Marseille sont visés. À Eppeville, 122 des 132 salariés seront réaffectés dans les deux usines de Roye, dans la Somme, située à une vingtaine de kilomètres. Les 10 autres effectueraient du stockage de sucre, sirop et mélasse et la déshydratation de pulpe. Filiale depuis 2001 de Südzucker, premier sucrier européen, Saint-Louis Sucre emploie 770 salariés en France et travaille avec 4.733 planteurs de betterave sucrière.