L'Assemblée nationale a adopté largement mardi le vaste projet de loi bioéthique avec sa mesure phare prévoyant l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. Le texte a été voté en première lecture par 359 voix contre 114 et 72 abstentions, sous des applaudissements de la majorité, au terme de quelque 80 heures de débats intenses dans l'hémicycle. Il devrait être examiné au Sénat en janvier.
La majorité salue un "texte d'équilibre"
La ministre de la Santé Agnès Buzyn avait salué avant le vote, lors des questions au gouvernement, "un texte d'équilibre, parfois progressiste, parfois conservateur", se félicitant de la "sérénité" des échanges dans l'hémicycle, même si le "consensus" n'est pas possible sur ces questions. Au nom du groupe LREM, Aurore Bergé s'est félicitée dans l'hémicycle que les élus aient tenu "une ligne de crête extrêmement étroite", alors que certains estiment être allés "trop loin", d'autres regrettant un excès de "prudence" et Michèle de Vaucouleurs (MoDem) rappelant elle que l'ouverture de la PMA était "attendue".
A gauche, Marie-Noëlle Battistel (PS) a apporté l'appui de son groupe à un texte "imparfait" voyant dans l'ouverture de la PMA "la fin d'une hypocrisie". Jean-Luc Mélenchon (LFI) a lui évoqué "certains choix douloureux" dans son groupe, mais une décision finale de voter pour, tandis que l'élu communiste Pierre Dharréville a récusé, avec l'élargissement de la PMA, toute "attaque contre la figure du père". Pour le groupe Libertés et territoires, "majoritairement" favorable au texte, Philippe Vigier a aussi salué "des avancées".
La droite divisée
Soulignant que son groupe était divisé, Pascal Brindeau (UDI-Agir) a indiqué que certains voient "un droit nouveau" dans la PMA élargie mais que d'autres s'émeuvent d'un "basculement" de la filiation risquant d'entrainer la gestation pour autrui (GPA). Opposé, comme la majorité des LR, Thibault Bazin a réitéré son hostilité à un projet qui "fait tomber un certain nombre de barrières éthiques", et porte une réforme sociétale "qui divise les Français", s'inquiétant de l'avenir pour certains enfants "privés de père".
Peu avant le vote, quelques députés du groupe de droite favorables au texte, dont Maxime Minot, avaient défendu lors d'un point presse la fin d'une "inégalité profonde" avec l'ouverture de la PMA.