"Oui cher Eric, nous allons continuer". En rendant hommage lors d'une cérémonie au policier tué mardi à Avignon, Jean Castex a promis de poursuivre la lutte contre le trafic de drogue, affirmant qu'"il ne saurait être question que la peur change de camp". Un hommage sobre et digne, au son d'un air traditionnel irlandais.
Devant quelque 300 personnes rassemblées dans la cour de la Préfecture du Vaucluse, face aux remparts de la cité des Papes, le Premier ministre a estimé qu'"être fidèle à Éric Masson", tué le 5 mai lors d'une banale intervention sur un point de trafic de stupéfiants dans le centre-ville d'Avignon, "c'est d'abord dire qu'il est hors de question d'accepter l'inacceptable".
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"Affirmer haut et fort que l'Etat se donnera tous les moyens de réprimer toutes formes de violence"
"Honorer la mémoire d’Éric Masson, c'est affirmer haut et fort que l'Etat se donnera tous les moyens de prévenir et réprimer toutes formes de violence, à commencer par le trafic de stupéfiants, contre lequel Éric Masson s'était engagé de toutes ses forces", a insisté Jean Castex, alors qu'une partie de la droite et l'extrême droite accuse l'exécutif de laxisme.
"Jamais nous ne laisserons se banaliser le fait que la moindre agression contre un dépositaire de l'autorité publique puisse ne pas entraîner contre son auteur des conséquences lourdes, rapides et certaines", a encore appuyé le chef du gouvernement, accompagné à Avignon du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et du Garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti. "Il ne saurait être question que la peur change de camp", a-t-il ajouté, excluant que les policiers puissent avoir peur des délinquants.
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"Veiller à ce que la réponse pénale soit au rendez-vous"
Assurant que le "combat" contre le trafic de drogue "dérange ceux qui cherchent à saper l'ordre républicain", Jean Castex a donc juré de "continuer", et de "veiller à ce que la réponse pénale soit au rendez-vous face à la violence qui enfle", renouvelant ainsi des promesses faites la veille aux syndicats de police.
Entré comme gardien de la paix en 2008 dans le Val-de-Marne, Éric Masson avait rejoint le berceau familial vauclusien en 2016 au sein du Groupe départemental d'intervention (GDI). Devant un portrait géant du brigadier, Jean Castex a annoncé qu'il était nommé à titre posthume "commandant de police et chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur". Auparavant, le major Thiery, chef du GDI auquel appartenait Éric Masson, a salué les "qualités humaines" du policier, un homme "humble, discret, toujours à l'écoute, toujours prêt à rendre service, toujours de bon conseil".
Dans le même temps, le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a ouvert la séance des questions au gouvernement en rendant hommage à "ce serviteur exemplaire de la République", tout en notant qu'"une fois de plus, la police nationale paie un lourd tribut".
Un hommage à l'homme derrière l'uniforme
Lors de la cérémonie, la sœur du brigadier lui a rendu hommage. "Notre fils, notre frère, notre amour, notre papa, notre ami. Chacun qui te connait sait que tu es une belle personne. Seul le temps pourra nous permettre d’apprivoiser la douleur et tu seras présent en chaque saison dans cette nature que tu aimes tant."
Jean Castex, lui aussi, a évoqué sa vie personnelle soulignant qu'Éric Masson "n'ira plus, le dimanche pêcher dans l'Ouvèze. Il n'ira plus s'entrainer au marathon. Il ne conduira plus ses deux filles à l'école comme il aimait à le faire lorsque ses horaires de travail le lui permettaient". Le Premier ministre a également eu un mot pour les forces de l'ordre. "Aujourd'hui, sa famille et ses amis le pleurent et toute la police nationale avec eux. Comme vous tous, face au pire, il donnait le meilleur." Et le chef du gouvernement de conclure sur une citation de Malraux, "le tombeau des héros est le cœur des vivants".